CHAPITRE VI :

288 9 16
                                    

« Je vous promets que si vous savez quelque chose, je vous tuerais jusqu'à voir votre cervelle explosée. »

« Malheureusement, je pense que c'est à moi de mettre fin à vos jours. »

La musique revenait à son calme et il me salua en embrassant une nouvelle fois ma main. Ça me dégoutait. Il jouait encore de ma faiblesse. Il connaissait mes défauts, et apprenait à me manipuler avec le peu d'émotions que je pouvais transmettre. Je détournais le regard, mon objectif était de partir de cette réception et d'appeler mon père, j'avais besoin de sa voix, j'avais besoin de savoir ce qui se passait réellement. Au fond de moi, je savais qu'il n'allait pas répondre, qu'il avait sûrement du changer de numéro mais je croyais toujours à une lueur d'espoir inconnue.

Je ne saurais expliquer, mais je voulais retrouver cette sensation de l'avoir près de moi, lorsqu'il m'enveloppait dans ses bras, me réconfortait. Je souhaitais ressentir sa présence à nouveau. Les chocolats chauds, nos moments passés... quand il était mon père. Malgré ma perte de mémoire, je savais qu'il aimait prendre soin de moi et me défendait souvent lorsque ma mère faisait pression sur moi.

Je voulais l'avoir au téléphone, connaitre ses mots rassurants, je voulais qu'il soit un bon père, qu'il assume son rôle. D'après Victoria, c'était lui qui nous avait abandonnés, J'y avais toujours cru, mais les paroles de Rayan ont changé mon état d'esprit.
Qui devrais je haïr ?

Par dépit, je rejoignais les bras de ma mère, connue pour être la fifille de sa maman chérie.

« Mon adorable fille, Elisa, pourrais tu nous faire une petite session de piano? »
« Mère, je ne me sens pas.. »
« S'il te plaît, fais moi plaisir, installe toi. » Elle poussait mes épaules en direction du piano qui n'attendait que moi.

Le fauteuil où je m'étais installée offrait un confort enveloppant. J'avais presque oublié le tourbillon de la danse avec mon professeur quelques instants plus tôt. Mes doigts craquaient légèrement, pressant les touches avec précision. Derrière moi, des regards insistants et des chuchotements flottaient, aucune marge d'erreur n'était permise.

Arabesque No 1, Debussy.

Cette composition, gravée dans ma mémoire depuis l'enfance, se déployait sous mes doigts. Des années de cours de piano, de chant et de danse intensifs depuis mes cinq ans me guidaient. On me considérait comme un petit prodige, une étiquette que je portais avec une certaine honte.
Les gens acclamaient ma prestation; j'avais enfin la possibilité de partir et rejoindre ma chambre.

Ma mère interrompait ce moment. Elle levait sa coupe de champagne en direction du lustre en cristal. Ses mains attrapèrent les miennes, son expression changeait de son ton si froid, je ressentais à travers ses phalanges, tout le stress qu'elle pouvait avoir.
« J'annonce, en ce jour merveilleux, l'ouverture de ma dernière galerie d'art au Emirats Arabes Unis, à Sharjah. »

« Félicitations, mère. » Mes lèvres n'arrivaient pas à bouger, je restais crispée. Ma mère avait autant de pouvoir? Pourquoi m'avait elle abandonnée? Pourquoi ne m'avait elle jamais aimée ? L'argent, l'argent.. tout n'était qu'une question de combien elle pouvait avoir. Le mot amour n'existait pas dans notre relation. Je n'étais qu'un petit billet, un bijou ajouté à sa collection, sa fille unique.
Enfin.. jusqu'à Isabella.

Ses cheveux roux se baladaient dans la pièce, elle recevait toute l'attention qu'elle aimait tant et par chance, elle s'agrippa à la veste de costume de son père. Elle était habillée d'une combinaison asymétrique bleue nuit. Tout lui allait parfaitement bien. Voici, celle qui m'avait fait fuir. Isabella River, la fille de l'époux de ma mère.

PERFECTIONNISTEحيث تعيش القصص. اكتشف الآن