Chapitre 13

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J’avais fait le tour du rez-de-chaussé plusieurs fois, retirant les rares choses dangereuses que j’avais. J’avais ensuite posé un bon paquet de mes BD à côté du canapé, préparé plusieurs coussins et plaids pour si Olivio voulait dormir, et j’avais même acheté un brownie pour le goûter. D’habitude, je travaillais dans mon bureau à l’étage, mais là, j’avais descendu ma tablette et mon carnet de croquis. Je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais préparé mes tatouages sur le canapé ou dans mon lit. Le faire pour une fois en compagnie d’un enfant, ça ne devait pas être bien difficile. Ce qui m’effrayait le plus tout à coup, c’était au niveau de la propreté. A trois ans, on n’avait plus de couche, si ? Parce qu’en changer une, ça n’était pas trop mon fort… 

Peu de temps après, on toqua à ma porte, et j'allai ouvrir avec hâte. Jouer les baby-sitter, ça me semblait assez drôle. Olivio se précipita à l’intérieur, et demanda :

_ L’est où le chien ???

Je souris, tandis que Cléo eut un rictus. 

_ Je l’adopte demain, petit homme. Tu le verras la prochaine fois…. 

Réalisant le regard intrigué de la mécanicienne, je me repris :

_ Si jamais ta mère ne me tue pas d’ici là…. 

Elle éclata de rire, et me donna plusieurs consignes, comme par exemple d’éviter trop de bonbons ou de l’appeler s’il y a le moindre problème. Comme je m’y attendais, Olivio était propre et savait même gérer les toilettes tout seul, sauf s’il faisait la grosse commission, évidemment, il faudrait l’essuyer… Parler de ça me fit bizarre, et étrangement, j’eus l’impression d’entrer soudainement dans cette petite famille. 

_ J’ai acheté un brownie, il pourra en manger ? 

_ Bien sûr, tant qu’il ne se gave pas… Mais c’est un petit monstre, alors il va se débrouiller pour en manger beaucoup.

_ Ne vous inquiétez pas, ça me donne une excuse pour en manger les trois quarts, j’aime bien cette idée. 

Encore une fois, Cléo pouffa, et mon cœur bondit dans ma poitrine. Elle me tendit alors un papier avec son numéro personnel, et conclu :

_ Je vais venir le chercher entre 17h30 et 18h, dès que mon oncle rentre. Vous êtes sûre que ça ne vous dérange pas, Laura ? Je veux dire, c’est vraiment gentil de…

Je lui souris, en posant la main sur son bras. 

_ Aucun souci, c’est avec plaisir. Allez, filez, ne laissez pas votre garage tout seul trop longtemps. On va finir par voler ma voiture. Je vous appelle s’il y a un problème, mais il n’y en aura pas, promis. 

Elle hocha la tête, salua son fils qui était déjà sur le canapé en train de feuilleter une BD de Snoopy, et s’en alla. Je rejoignis alors Olivio, et pour le mettre à l’aise, m’assis à ses côtés. Il me décrivait les différentes cases, et je ne pûs m’empêcher de le trouver adorable. Au bout d’un moment, je lui dis :

_ Petit homme, je vais travailler, mais je reste à côté de toi. Tu me dis si tu veux regarder la TV ou si tu veux quelque chose, d’acc ? 

Un large sourire étira son visage, et il déclara avec entrain :

_ D’acc !

Mon premier projet tatouage avançait bien plus vite que ce que je pensais. Le jeune homme qui m’avait contacté m’avait envoyé une photo de lui et sa grand-mère, et il souhaitait que j’en fasse un dotwork sur sa poitrine. Le dot work était assez difficile, car comme son nom l’indique, il fallait faire des petits points plus ou moins gros pour accentuer les détails et donner de la profondeur au tatouage. Mais j’aimais beaucoup ça, et finalement, j’avais l’impression qu’on reconnaissait très bien cette image hommage malgré le style pointillisme minimaliste.  

De temps en temps, je voyais le petit descendre du canapé, regarder les différentes BD que j’avais descendues, puis remonter sur le canapé avec un des livres. Étrangement, il n’avait pris aucune d'Astérix, se concentrant davantage sur Calvin and Hobbes et surtout Snoopy et les Peanuts. Il ne m’avait dérangé qu’une seule fois pour me demander de l’eau, ce qui n’était vraiment pas dérangeant en soi. J’en avais même profité pour me prendre une canette de cacolac, avant de me replonger dans mon travail. 

Le deuxième projet, par contre, était plus long. C’était de l’ornemental aux allures indiennes, et il y avait de nombreux motifs à dessiner pour ensuite tatouer tout un mollet. La jeune femme voulait quelque chose d’un peu “minimaliste, mais qui rappelle les chakra, vous voyez ?”. Je ne m’y connaissais pas dans le domaine, mais comme elle aimait mon travail, elle m’avait proposé de préparer deux idées différentes, et qu’elle en prendrait une quoi qu’il arrive. Voir les deux, après tout, elle a deux mollets, comme elle le disait. J’étais en train de dessiner des arabesques lorsque le petit garçon s’appuya sur mon épaule, et demanda :

_ Fais quoi Laura ? 

_ Je travaille, bonhomme. 

_ Ton métier c’est dessiner ? 

_ On peut dire ça comme ça. Tu es aussi curieux que ça maman, dis donc !

Il se mit à rire, et je lui montrais comment on dessinait sur une tablette. Finalement, il abandonna les bandes dessinées, et je lui donnai une feuille et un crayon pour qu’il essaye lui aussi de faire des motifs indiens. Ce qu’il faisait n’avait aucun sens, mais je trouvais ça vraiment adorable. Si on m’avait dit un jour que j’allais travailler avec un aussi mignon assistant, je ne l’aurai pas cru ! 

Un peu après, mon ventre gargouilla, et Oli se tourna vers moi, hilare. 

_ T’as faim Laura !

_ Attention, pour le goûter, je mange souvent des petits enfants !

Je fis mine de l’attraper, et commençai à lui mordiller le bras en lui faisant des chatouilles. Il éclata de rire en se débattant, et mon cœur se fit lourd et léger à la fois. J’aurai bien aimé sortir avec une fille qui avait déjà un enfant ou en voulait un. La grossesse ne m'attirait pas, mais dorloter mon amoureuse qui l’était, ça ne m’aurait pas dérangé, au contraire. Je me relevai, et ébouriffai les cheveux blonds du gamin. 

_ J’ai du gâteau au chocolat, tu en veux ? 

_ Ouiiii !

Tomber amoureuse par accident (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant