Chapitre 46

3.9K 227 6
                                    

Lorsque j'arrivais dans le garage, j'entendis une voix au loin, et compris rapidement que Cléo était dans le bureau avec une cliente. La porte était entrouverte, et pour laisser un minimum de confidentialité à la discussion, je m'installai sur le tabouret près de l'établi de la jeune femme, heureuse d'avoir un visuel sur ma chère voiture. Tout en faisant plusieurs tours sur moi-même, je continuais à réfléchir à ce que m'avait dit Fabio. Je n'avais pas revu Julie depuis presque huit ans, et je n'avais aucune idée de ma future réaction. Je savais que je n'étais plus amoureuse et qu'elle ne m'intéresserait plus, là n'était pas la question. C'était plutôt ma rancoeur qui m'inquiétait. J'avais l'impression que je risquais d'être désagréable, et je n'aimais pas ça. Mais bon, il fallait être honnête : cette femme s'était très mal comportée avec moi, et… 

_ Je vous remercie, mademoiselle Rossi, je ne sais pas du tout ce que j'aurais fait sans vous !

_ C'est mon travail, ne vous inquiétez pas. 

Cléo et la jeune femme venaient de sortir du bureau, et le sourire de la cliente m'interpella. Il était drôlement charmeur.

_ Dans ce cas, je ne sais pas s'il m'est autorisé de vous proposer un dîner pour vous remercier… 

La mécanicienne sourit, et je crois qu'elle n'avait même pas réalisé que c'était clairement une proposition de rendez-vous, car elle répondit simplement : 

_ Oh vous savez, je n'ai pas fait grand chose, vous n'avez pas à me remercier ! Ces voitures-ci sont capricieuses, il arrive souvent que cette pièce se détache. 

La demoiselle fit une petite moue, déçue de n'avoir aucune réaction à sa drague, et finalement lorsqu'elle me remarqua, s'en alla. Cléo la regarda partir en souriant, puis s'approcha de moi, toute guillerette. 

_ Je ne pensais pas que tu allais avoir le temps de venir. 

Je souris à mon tour, me retenant de me lever pour l'embrasser. Certes, on avait déjà échangé plusieurs baisers, mais ce n'est pas comme si on était ensemble… 

_ Je me suis dépêchée. Tu as brisé le coeur de cette femme…

_ Hein ? Comment ça ? 

Je pouffai de rire en la voyant aussi surprise, et expliquai : 

_ Tu lui plaisais, elle t'a proposé un rendez-vous et tu l'as éconduite de manière alarmante. 

La jeune femme s'empourpra, semblant réaliser la situation. Elle bafouilla, en se grattant le menton : 

_ Je n'avais pas tilté… 

_ Si tu avais compris, tu aurais réfléchi à sa proposition ? 

Je me mordis la langue, exaspérée de ma réaction. Est-ce que je venais d'être jalouse ? Cléo devait être venue à la même conclusion, car elle me regarda avec un air mutin. 

_ Est-ce de la jalousie, mademoiselle Brun ? 

Mes joues s'embrasèrent d'un coup, et je fuyai son regard perçant. 

_ Pas du tout, ça n'a jamais été mon genre… 

Je ne mentais pas. Avec mes exs, je n'avais jamais été jalouse, ni fait preuve d'une quelconque possessivité. Et pourtant, là, avec Cléo, le simple fait de l'imaginer dîner avec une autre personne me compressait la poitrine. 

_ Je ne suis pas convaincue, ajouta-t-elle en s'approchant d'un pas. 

Je relevai les yeux vers elle, et fut abasourdie par l'intensité de son regard. Elle voulait une réponse et essayait de me sonder au plus profond de mon être. Mue par cette envie d'être honnête, je répondis, en bafouillant : 

Tomber amoureuse par accident (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant