Tomber amoureuse par accident (histoire lesbienne)

Chapitre 21

J'avais l'impression d'être de nouveau adolescente et d'aller à mon premier date. Cléo devait arriver dans une heure, et pourtant j'étais déjà prête depuis un moment. Je n'avais pas fait d'efforts particuliers, puisque aux yeux de ma mécanicienne, on allait simplement boire un café entre futures amies. J'avais donc opté pour un tee-shirt à l'effigie du groupe Queen, un jean, mes jolies DocMartins, et ma veste préférée, qui n'était autre qu'une vieille chemise de mon grand-père. Un petit peu de maquillage, et mes seuls bijoux, c'est-à-dire une bague en bois au pouce gauche, ma montre, et un collier offert par Hanna pour mes 25 ans, dont le pendentif représentait une rose des vents. C'était très certainement une référence à un des premiers tatouages que je lui avais fait, sur la cuisse, qui était justement une rose des vents entourée de motifs Amérindiens, référence à son Disney préféré, Pocahontas. 

De fil en aiguille, mon esprit vagabonda sur un futur projet de tatouage, où une femme voulait un collier ornemental. Tatouer la gorge était toujours délicat, et… On toqua à la porte. Je regardai l'heure à ma montre. C'était déjà 14h. Je pris mon sac, et sortis après plusieurs caresses à Patafix. 

_ Bonjour, mademoiselle Brun. J'espère ne pas être en retard. 

_ Hey. Vous êtes pile à l'heure, Cléo. On y va ? 

J'avais rougis en voyant sa tenue, et je faisais tout mon possible pour ne pas montrer mon trouble. Elle portait une très jolie robe, avec une veste à capuche et des converses. Je voulais la complimenter, mais dans un rendez-vous amical, c'était très certainement mal venu… Je me contentai donc de lui sourire, et ouvrit le portail.

_ On y va en voiture ? 

_ Ouaip, on va dans Toulouse. 

_ On pourrait prendre ma… 

Je la coupai en levant un doigt. 

_ Hors de question. Cette fois, je conduis. 

Elle soupira, en se grattant la tête.

_ Vous pouvez être assez autoritaire vous aussi, Laura…

_ Vous n'avez pas idée. 

Oops, je n'avais pas prémédité cet air charmeur. Je vis Cléo rougir un peu, puis secouer la tête. Satisfaite de sa réaction, je l'invitai à monter sur le siège passager, puis me mis face au volant. C'est parti pour ce… non-rendez-vous amical… 

_ Où m’amenez-vous, du coup ? 

_ Au départ, je voulais vous inviter à un salon de thé que tiennent des amis, mais il est fermé le dimanche. Du coup, on va au café où j'allais quand j'étais gamine avec mon grand-père. 

Le trajet se passa tranquillement, dans un silence réconfortant. Je lançais parfois des coups d'oeil à mon invitée, me retenant d'admirer sa peau si lisse et ses cheveux si fins. J'avais vraiment envie d'y glisser ma main. Une fois garée, je souris. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée dans ce coin de Toulouse… 

_ Où sommes-nous, demanda Cléo en regardant autour d'elle ? 

_ Côte pavé, mon grand-père y vivait avant. Le café n'est pas loin. On y va ? 

Elle hocha la tête, et me suivis. Cinq minutes après, on était devant le bâtiment. Il n'avait pas changé, toujours ancien, sobre, avec ses volets bordeaux et sa devanture noire. En rentrant, j'observais les murs en pierre et en bois, me rappelant de très nombreux souvenirs. Je déclarai : 

_ C'est marrant, je ne suis pas venue depuis… des années, et rien n'a changé. 

_ À quand remonte votre dernier passage ?