De toi à moi (with love) - Partie 1 -

Prologue

La souffrance. La colère. La peur.

Je maîtrisais ces émotions avec une telle perfection qu'elles s'étaient insinuées en moi, jusque dans ma chair, pour devenir une partie intégrante de mon quotidien et de mon être.

Nous nous rapprochions de la foule et je ne parvenais plus à respirer. Je manquais d'air. Je me sentais oppressée, comme dépossédée de ma propre volonté. Pourtant, je ne me serais extraite de cette voiture pour rien au monde. A cet instant, c'était le seul endroit sur cette terre où je désirais être. Le seul endroit sur cette terre où je pouvais être, car il était là. Avec moi.

L'agitation à l'extérieur nous parvenait maintenant avec force, il me semblait même entendre des cris et le crépitement de flashs. Mon cœur battait tellement vite qu'il semblait vouloir s'extraire de ma poitrine. Je suffoquais depuis si longtemps maintenant que je ne parvenais plus à reprendre le contrôle de mon corps.

Je m'apprêtais à vivre une expérience unique, nouvelle ; j'allais pénétrer officiellement dans ce monde qui n'était pas le mien et j'étais angoissée — terrifiée. Mais je devais me résigner. Être avec lui signifiait accepter ces émotions si intenses qui m'avaient déjà changée, alors même qu'elles risquaient également de me faire perdre la raison.

J'étais si effrayée que mes pensées s'éparpillaient dans tous les sens. Je ne parvenais pas à visualiser les conséquences de ce que nous nous apprêtions à faire. Au moment où je commençais à comprendre que j'allais me dévoiler comme jamais, je sentis sa main se poser sur la mienne.

En seulement quelques instants, ce contact, par l'intensité des sensations qu'il fit naître en moi, suffit à anéantir toute appréhension. Toute peur. Je me tournai vers lui et je rencontrai ses yeux verts et profonds qui me scrutaient avec une ardeur bouleversante.

Le désir. L'amour. L'espoir. Je pouvais le lire aussi bien dans son regard que dans mon cœur.

Toutes ces émotions avaient façonné notre histoire pour mieux nous éloigner des autres, il suffisait qu'il soit près de moi pour que j'oublie le reste du monde.

La portière de la limousine s'ouvrit. Un bruit assourdissant nous parvint, suivi de lumières aveuglantes. Mais plus rien ne comptait.

Son regard plongé dans le mien me confirma qu'il n'y avait que lui et moi.