De toi à moi (with love) - Partie 1 -

Chapitre 10

Plus tôt que tu ne le crois.

Il était parti depuis quelques minutes et je continuais à méditer sur sa dernière phrase. Nos chemins se recroiseraient sûrement, puisqu'il était le client d'Alex. Voilà ce qu'il voulait dire. Ou peut-être que j'avais eu l'air si désespérée qu'il avait eu de la peine pour moi.

J'étais seule et une sensation de vide m'envahissait. Je repensais à sa manière de me regarder, à son sourire en coin, à mes mains dans les siennes, à son torse dessiné ... Je dus contenir un sourire idiot qui menaçait de s'afficher sur mon visage.

J'avais bu, je fantasmais sur un homme que je ne connaissais pas et à qui j'avais un peu parlé ... J'étais ridicule.

Ce n'était qu'une parenthèse — très agréable, certes, mais qui était définitivement close.

Je soupirai. Je devais revenir au sein de la réception. Est-ce qu'il déambulait au milieu des invités ? Est-ce qu'il ...

Je poussai un grognement de frustration. En jetant un coup d'œil à mon portable, je vis qu'il était minuit passé. Il était temps de rejoindre Alex et Julian.

Il me semblait que je marchais convenablement, que mon attitude était décente. Je pensais même avoir complètement dessoûlé lorsque les lumières de la salle du gala me ramenèrent à la réalité.

Je plissais les yeux, complètement aveuglée. La foule des invités me paraissait plus dense qu'auparavant et je traversais la salle d'une démarche vacillante. J'ignorais mon reflet dans la baie vitrée car j'avais maintenant conscience que l'alcool était encore présent dans mon sang et que cela ne me réussissait pas. Mais alors pas du tout.

Je cherchais ma sœur du regard. Je ne voyais que des inconnus, qui malgré leur nombre et l'apparence festive de la soirée, paraissaient toujours autant s'ennuyer. J'entendais vaguement leurs conversations sans intérêt, leur cordialité exagérée, leur hypocrisie ...

Je comprenais maintenant, plus que jamais, pourquoi Jared avait mis tant de temps à les rejoindre. Enfin, s'il n'était pas déjà reparti.

Ne sachant que faire, je me dirigeai vers le bar et m'assis sur un siège en hauteur.

— Vous pourriez dire pardon !

Une femme d'une cinquantaine d'années, avec une robe bleu foncé et un grand chapeau, me regardait d'un air outré. Je l'avais peut-être légèrement poussée en m'asseyant.

— Heu ... Désolée ...

J'étais confuse mais elle me jeta un regard noir avant de s'éloigner.

Je me retournai et aperçut le barman s'affairer pour répondre aux commandes des clients.

— Excusez-moi, l'interpellai-je d'une voix étrange.

Il leva les yeux vers moi, et après avoir servi du champagne à une espèce de blonde complètement refaite, il me demanda :

— Mademoiselle, qu'est-ce qui vous ferez plaisir ?

— Heu ... du whisky.

Je n'avais aucune idée de ce que j'étais en train de faire. J'étais censée dessoûler dans un coin, et je reprenais encore de cet alcool qui m'avait mise dans un sale état. Sachant que d'habitude, je buvais rarement.

Peut-être que j'avais conscience du fait que j'allais rester là encore quelques heures, à m'ennuyer. Et peut-être que le goût du Whisky commençait à me manquer. Tout comme lui, d'ailleurs.

— Vous êtes vraiment très jolie.

Alors que j'attendais mon verre, un brun qui avait deux fois mon âge s'était approché de moi.