Chapitre 9

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Je me trouvais dans l'incapacité de déterminer depuis combien de temps je me trouvais ici, ni depuis combien de minutes je riais à gorge déployée.

Je me tenais le ventre, hilare, incapable de me contrôler. Je sentais bien que Jared me fixait d'un air narquois, mais il était le seul responsable de cette situation.

— Tu n'aurais jamais dû me raconter ça, réussis-je à dire entre deux gloussements.

Certes, ce n'était pas très flatteur pour ma sœur, mais savoir qu'elle était restée enfermée dans les toilettes de Jared pendant des heures, alors que celui-ci était en voyage, m'avait littéralement achevée.

J'essayais de reprendre le contrôle de moi-même, inspirant et expirant de manière exagérée. Puisqu'on avait fini la bouteille de whisky, je savais que cet objectif était voué à l'échec.

— Et Alex a essayé de t'appeler ? lui demandai-je, essayant les larmes qui se formaient au coin de mes yeux. 

— Ouais.

— Et ? insistai-je.

— Je lui ai dit de se démerder avec Grace, mon employé de maison.

Il me regarda attentivement. Ses yeux étaient rouges et sa voix pâteuse :

— Mais elle aussi, elle était en voyage.

Mon fou rire reprit avec une telle intensité que je ne parvenais plus à respirer. Je me rendis réellement compte de mon état au moment où je tombai du muret, hilare. Je sentis les graviers effleurer mes cuisses mais je n'avais pas conscience que j'étais censée me relever. Je n'avais plus conscience de rien.

Mon compagnon de beuverie ne m'était pas d'un grand secours. En me voyant tomber, et contre toute-attente, il se mit à rire. C'était un rire franc, naturel, que je n'avais pas encore entendu.

Je finis par me calmer et lorsque j'essayais de me relever, tout autour de moi vacillait et je dus fermer un instant les yeux.

— Et surtout, ne m'aide pas ...

Ma voix aussi l'était, pâteuse.

Il me regarda, partagé entre l'envie de continuer de se moquer de moi et de m'aider, puis me tendit ses deux mains. Instinctivement, je les attrapai.

Tout l'alcool ingurgité sembla se dissiper. Ses mains entouraient complètement les miennes et au contact de sa peau, une sensation de chaleur, indescriptible, se propagea en moi.

Il me balaya du regard, allant de mon visage, à mes mains, à mes cuisses — qui devaient être davantage découvertes par ma chute. Comme moi, il ne riait plus.

Il me tira avec vigueur, au point où je n'eus même pas à faire d'efforts. Une fois debout face à lui, je vacillai puis restai immobile un moment, incapable de savoir si c'était lui ou moi qui refusait de lâcher l'autre.

Cependant, ce furent ses doigts que je sentis s'extirper des miens. Il soutint mon regard puis détourna la tête, me laissant pantelante et abasourdie.

Je m'assis de nouveau à côté de lui, essayant d'ignorer sa proximité, bien que sa présence m'enivrât bien plus que le whisky que j'avais bu. J'avais mal à la tête et mes pensées n'étaient plus cohérentes.

Je ne savais pas vraiment comment nous en étions arrivés là. Je me rappelais très clairement m'être assise à ses côtés, et je me rappelais également la sensation que j'avais ressentie en étant si proche de lui.

Au départ, nous étions restés silencieux, sirotant calmement le breuvage qui était censé nous donner du courage pour se rendre à l'intérieur, là où la fête battait toujours son plein.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant