Chapitre 1

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Ma sœur n'avait pas changé : toujours aussi grande, mince et bronzée. Au moment où elle m'aperçut au loin, elle ne put s'empêcher de me faire des grands signes impatients, au cas où je la louperais et opèrerais un demi-tour pour rentrer à Paris.

Mon énorme sac rouge sur l'épaule, ma valise à roulettes sur les talons, je lui fis rapidement un petit geste de la main pour lui montrer que oui, je l'avais bien vue.

Une fois près de moi, elle me toisa de ses yeux bleu clair, comme elle le faisait si souvent lorsque j'étais enfant et qu'elle s'apprêtait à me faire une leçon de morale :

— Non, ce n'est pas une erreur d'être venue, Charlie.

— Je n'ai rien dit, détends-toi.

Je lui souris malgré tout, tandis qu'elle me dévisageait d'un œil réprobateur :

— C'est que tu as une de ces têtes !

— Excuse-moi de ne pas être incroyablement sexy après 11 heures de vol. Et si j'étais sûre que tout ceci était une erreur, je ne serais pas ici avec toi.

Elle me sourit enfin et m'enlaça brièvement :

— Il faut se dépêcher, Julian nous attend dans la voiture et il est très mal garé.

Elle détourna les talons avec une rapidité déconcertante, et je dus accélérer le pas pour la suivre à travers le hall principal de l'aéroport de Los Angeles, toujours aussi vaste et bruyant.

Elle ne me ressemblait pas du tout. Physiquement d'abord : ses cheveux étaient châtains, je les avais blonds. Elle faisait une tête de plus que moi et mes yeux marrons faisaient pâle figure à côté de son regard bleu azur.

Mais ce qui nous différenciait principalement était notre caractère : Alex était nerveuse, sèche et autoritaire. Elle adorait avoir le contrôle. Prévoir et analyser chaque situation. Et surtout, ne jamais montrer l'affection qu'elle ressentait, même pour ses proches.

Avec mon tempérament imprévisible et ma manie de dire à voix haute tout ce que je pensais, je me demandais parfois si nous étions vraiment sœurs  — ou si l'une de nous était la fille du facteur, comme aimait se moquer mon père.

Il faisait beaucoup plus lourd qu'à Paris ; je me félicitais intérieurement d'avoir opté pour ce débardeur, même si mon jean me tenait beaucoup trop chaud. Une fois à l'extérieur, je poussai un grand soupir de soulagement lorsqu'un léger vent vint effleurer ma peau et balayer mes cheveux.

Julian nous attendait devant sa voiture, garée à moitié sur le trottoir, à moitié sur la route. Il me gratifia d'un grand sourire chaleureux et me prit dans ses bras avant de s'emparer de mes bagages.

— Tu aurais pu l'aider, lança-t-il à Alex.

Sa remarque m'amusa :

— Elle ne pouvait pas, elle était trop occupée à essayer de me perdre à travers l'aéroport.

Ma sœur me jeta alors un regard mauvais :

— Si je n'avais pas voulu de toi, je ne t'aurais pas fait venir !

— Je crois qu'elle plaisantait, ne mords pas, dit Julian en lui ébouriffant les cheveux, ce qui la renfrogna davantage.

J'aimais beaucoup Julian. J'avais fait sa connaissance lors de mon précédent voyage à Los Angeles et il m'avait fait tout de suite bonne impression.

Alex et lui s'étaient rencontrés il y a quelques années, dans cette ville. Lui, américain originaire du Texas, avait le même projet que ma sœur : monter sa propre agence artistique. De leur profonde amitié était née ATA — Artistic Talent Agency —, une société qui selon les derniers dires d'Alex, commençait à devenir particulièrement rentable.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin