Chapitre 3

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Je n'avais aucune raison d'être angoissée.

Je me répétais cette phrase à plusieurs reprises, alors que nous approchions à vive allure du riche quartier de Pacific Palisades.

A vrai dire, je n'étais pas vraiment hystérique lorsqu'il était question de célébrité. Je n'avais jamais été fan de qui que ce soit, je n'avais jamais fantasmé sur un chanteur à succès ou un acteur en vogue, je n'avais jamais fait de queues interminables pour apercevoir le visage d'une personnalité adulée par d'autres.

Je me souvenais encore de ma scolarité, où années après années, mes camarades de classe proclamaient haut et fort le nom de leur idole : groupes de musique, footballeurs, acteurs, stars des réseaux sociaux ou de la télévision ... Et lorsque venait le moment fatidique, lorsqu'on me demandait qui j'adulais, moi, je haussais mollement les épaules, ne parvenant pas à suivre les effets de mode et à m'identifier à quiconque.

Alors bien sûr, il m'était arrivé de m'attarder sur la photographie de certaines célébrités que je trouvais à mon goût, d'imaginer que les paroles d'une chanson interprétée par un musicien à la beauté époustouflante m'étaient destinées ; ou encore, de vouloir ne serait-ce que quelques instants, me trouver à la place de cette actrice qui embrassait fougueusement ce comédien incroyablement sexy.

Malgré tout, ces réactions n'avaient jamais été excessives ; pour ma part, aduler des célébrités n'avait pas vraiment de sens, puisqu'elles n'étaient en réalité que des personnes ordinaires qui avaient eu beaucoup de chance — et un peu de talent, parfois.

Je n'avais aucune raison d'être angoissée.

Machinalement, je tripotais mon vieux bracelet que je ne quittais jamais — une breloque dorée constituée de pendentifs colorés — et que je manipulais lorsque je me sentais mal à l'aise.

Ma sœur marmonna quelques jurons et tourna brusquement à gauche, grillant au passage la priorité au chauffeur d'une camionnette qui klaxonna avec colère en lui faisant un doigt d'honneur.

— Ce mec est définitivement un gros con ! s'exclama-t-elle, le visage maintenant déformé par la colère.

— Qui ? Le chauffeur qui vient de t'insulter ou Jared ? Si c'est le chauffeur, il a eu raison, tu ...

— Il refuse de faire cette putain de promotion ! me coupa-t-elle, tout en tournant, cette fois, brusquement à droite. Il l'a signé, ce contrat, il savait à quoi s'attendre !

— Tu parles de la promotion de son dernier film ?

— A ton avis ? Quoi d'autre ? Aboya-t-elle. Lorsque tu signes pour tourner dans un film, tu signes aussi pour en faire la promotion, ça fait partie du contrat. Et cet abruti ne veut plus la faire, pour je ne sais quelle raison, alors qu'il est censé jouer le jeu des conférences de presse et se rendre à l'avant-première. Je dois le voir tout de suite, et lui parler ! Les avocats des producteurs du film sont dans tous leurs états et ont débarqué chez lui. Quand Julian apprendra ça ...

Pour toute réponse, je gardai le silence. Inutile d'essayer de la calmer ou de la charrier pour détendre l'atmosphère : je risquais seulement de me faire hurler dessus et je n'avais pas envie de me disputer avec ma sœur maintenant.

Nous entrions maintenant au sein de Pacific Palisades. A mon avis, Alex essayait de contenir ses nerfs : je l'entendais inspirer et expirer lentement à côté de moi. Il valait sans doute mieux, car si elle ne parvenait pas à se contrôler, elle était bien capable de l'insulter et de se faire renvoyer dans les prochaines minutes.

Il s'agissait de la première fois où je pénétrais dans ce quartier et je devais admettre qu'il était splendide : situé sur la côte, longeant la mer, il était composé d'immenses maisons luxueuses et de grands espaces verts. Exactement le genre d'endroit qui mettait mal à l'aise tous ceux qui n'avaient pas une fortune assez colossale pour se payer une de ces résidences.

De toi à moi (with love) - Partie 1 -Where stories live. Discover now