Chapitre 7

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Le temps s'était comme figé lorsqu'une brise froide avait éraflé leurs visages tandis que les mots du rouquin se furent emportés avec. Le sourire du noiraud était tombé, ses yeux embués et son cœur affolé d'un étreint trop violent pour pouvoir l'expliquer de façon rationnel. Ce n'était en rien une situation habituelle et l'espace d'un instant, il s'était demandé si ne pas avoir pris de pause de la journée lui faisait perdre l'esprit.

— Je...

— Tu m'as bien entendu. J'ai dit Jisung, Han Jisung, stipula l'aîné en tournant de nouveau son regard vers les lumières de la grande ville.

— Depuis quand...? Tu te fou d'ma gueule depuis le début ? Ça t'amuses peut être, c'est ça ?

Le plus jeune avait haussé le ton tout en se levant brutalement tandis que le rouquin n'avait pas flanché d'un minimètre. Des larmes traîtres menaçaient de souiller ses joues à toute instant. Alors depuis le début tout cela était faux ? Depuis le début le rouquin s'amusait à faire comme de rien alors qu'il se souvenait très bien de lui ? Jisung n'était encore une fois de plus qu'un simple jouet ?

— Je ne me suis pas foutu de ta gueule Han.

Il avait lâché cette simple phrase d'une voix claire et pourtant semblant se dissiper en un instant dans l'air froid de la nuit.

— Alors pourquoi hein ? Pourquoi t'as fait ça Minho ? Pourquoi depuis toutes ces années t'as pas cherché un contact et tu reviens comme ci de rien était et continuellement ? T'es comme les autres au final c'est ça ?

Ce fut alors au tour du plus grand de se lever brutalement pour attraper le poignet de son cadet et de lui faire face, plongeant son regard dans le siens.

— J'suis pas comme tous les autres.

— Pourtant ça t'amuses de disparaître. Ça t'amuses d'observer de loins sachant ce que ça a pu me faire. Avoues. C'est joussif de voir le petit Han en position de faiblesse hein ?

Un rire nerveux avait franchit la barrière de ses lèvres alors que des larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues. Jisung n'osait même plus regarder le plus vieux dans les yeux, il ne voulait pas risquer de tomber sur un de ces regards moqueurs qu'il avait pu rencontrer durant l'entièreté de son lycée. Il ne voulait pas croire que Minho était en réalité comme eux, c'était une supposition bien trop effrayante pour pouvoir être réelle.

Le rouquin se contenta d'expirer doucement avant de relever le menton du plus jeune du bout des doigts avant de venir essuyer ses larmes. Il vînt par la suite coller son front à celui du cadet laissant un souffle légèrement alcoolisé effleurer le visage de celui ci.

— J'avais bien trop peur de détruire la fine paroi qui constituait cette petite bulle pleine de douceur et de chaleur...

Il se décala ne lâchant pas le visage du plus jeune.

— Je sais pertinemment que je n'aurais pas du disparaître. Je sais que j'ai merdé et pourtant quand je t'ai vu dans ce petit café l'autre jour... je n'ai pas pu m'en empêcher. C'est nul, je sais.

Jisung se décala, enlevant les mains de son aîné par la même occasion et le regardant dans les yeux.

— Pourquoi t'as fait ça avant de disparaître de la circulation ?

— Je... une fois de plus, il détourna le regard. C'est compliqué à expliquer.

— Tu sais, moi j'y ai cru à cette amitié. Je pensais que j'avais enfin réussi à avoir quelqu'un de fiable, quelqu'un qui m'appréciait vraiment. Pour une fois putain. Juste une... il essaya de retenir quelques larmes traîtres. Pour une fois j'étais pas l'élément de trop. Pour une fois je me sentais à ma place...

Le plus vieux allait le couper mais Jisung le devança.

— Mais tu sais quoi ? Moi non plus j'ai pas essayé de revenir alors ce serait simplement être de mauvaise fois de tout rejeter sur toi. Et puis, quand je t'ai vu apparaître dans ce café et revenir chaque jour, j'avais l'impression de retourner aux premiers jours de lycée. Lorsqu'on s'est rencontrés. Et moi aussi j'ai pas pu m'empêcher, peut être m'empêcher de me dire que mon meilleur ami allait être de retour.

Et peut être qu'à cet instant ce fut les centilitres d'éthanol qui prirent le contrôle du corps du plus vieux de nature si peu tactile. Et pourtant, de manière presque pousser par la brise il vînt emprisonner le noiraud dans ses bras tout en enfouissant sa tête dans son cou. Et le plus jeune avait également répondu avec la même ardeur agrippant le dos du t-shirt du rouquin entre ses doigts d'une telle force qu'il avait sûrement froissé ce dernier. C'était comme si l'un et l'autre cherchait à se prouver que le moment était réel, que ce n'était pas une de leurs illusions les hantant depuis bien trop longtemps.

— Tu m'as manqué Jisung...

— Toi aussi Minho... mais je peux pas.

À la suite de ses mots il lâcha la main de la personne qui était anciennement, et encore très sûrement maintenant, la plus importante de sa vie pour disparaître à travers ce même sentier mal éclairé. Et Minho resta là, impuissant, à simplement fixer cette silhouette s'éloignant dans le noir. Peut être qu'il aurait dû courir derrière lui, peut être qu'il aurait même dû crier son prénom, pourtant il n'en fit rien. Il préférait simplement lui donner le temps qu'il lui fallait, le temps qu'il méritait. Le temps que cet écart dans leur amitié succédée de quelques années, soit plus tard, par une arrivée brutale, telle une cicatrice.

Jisung lui, courait presque à travers les rues de la ville, regardant fixement le sol tandis que des larmes dévalaient ses petites joues. Parfois, des passants osaient le dévisager, le plaindre ou encore pouffer et pourtant, pour la première fois depuis longtemps, il n'en avait rien eu à faire. Il se laissait simplement entraîner là où ses pas le guidait, et il savait très bien à quel endroit il finirait par atterrir.

Effectivement, quand une masse m'unît d'un simple jogging, une serviette sur les épaules et les cheveux humidifier retombant doucement sur ses cou, Jisung se laissa tomber contre le garçon.

— Jisung ?

Aucune réponse de la part du plus jeune qui s'accrochait alors que le plus vieux se tourna, ne le lâchant pas tout en refermant la porte d'entrer derrière lui.

— Jisung pourquoi tu pleures ? Qui t'as mis dans cet état ?

Toujours rien.

Puis une nouvelle personne arriva, en traversant la porte du salon ayant été stoppé dans son travail par l'affolement de son petit ami. Et lorsque le noiraud le remarqua, il alla se fondre dans les bras de ce dernier qui fronça les sourcils tout en comprenant rapidement que la nuit aller être nécessairement longue pour pouvoir attraper l'élément rendant leur ami dans un tel état.

— Hyunjin, tu peux nous préparer trois tisanes ainsi que des cookies et du chocolat. Je crois qu'on va en avoir besoin. Je m'occupe de lui en attendant.

Le blond hocha simplement la tête avant de disparaître dans la pièce adjacente laissant son cadet essayer de calmer les pleurs de leur ami.

— Sung, assit toi s'il te plaît.

— Innie... il... je...

Impossible de formuler une phrase sans être coupé par un hoquet de pleurs.

— Eh, respire on a le temps. T'es pas obligé de tout d'ébouler maintenant. Essaye d'abord de reprendre un souffle régulier et de calmer la tempête qui est venue s'abattre sur toi. Je suis là, regarde, je te lâche pas d'accord ?

Le plus vieux acquiesça simplement venant expirer tout l'air s'étant opprimé dans ses poumons durant sa fuite. Il ferma les yeux quelques instant se donnant ainsi le temps de retrouver le contrôle et lorsqu'il les ouvrit de nouveau, le grand blond était revenu avec un beau plateau entre les mains. Ce dernier, s'était empressé de le poser sur la table avant de prendre place aux côté du plus jeune en l'entourant d'une forte étreinte.

— Il est revenu.

𝐒𝐋𝐈𝐃𝐄: ᴹᴵᴺˁᵁᴺᴳDonde viven las historias. Descúbrelo ahora