Opération "attraction glaciale" [SWANQUEEN]

❄ - Chapitre 11 - ❄

6 décembre 2021 – Bordeaux – Regina,

Son regard ahuri m'arrache un rire rauque. Mademoiselle Swan fronce les sourcils puis se détourne un instant. Un coude posé sur le comptoir du bar, elle interpelle le serveur pour lui adresser sa commande. Trois shots de vodka.

— Quel miracle ! m'exclamé-je, une pointe de moquerie dans la voix. Moi qui vous pensais sage, innocente et obéissante, me serais-je trompée à votre sujet ?

Pour seule réponse, la blonde boit son premier shot cul-sec. Lorsque ses prunelles mi-vertes mi-grises se reconnectent aux miennes, une lueur de défi s'y reflète.

— Peut-être bien. En attendant, j'aimerais en savoir plus sur votre... proposition. Pour le moment, je n'y crois pas un mot.

Un large sourire malicieux se forme sur ma bouche. Comme toujours, il a le don de l'énerver et de me ravir par la même occasion. Ses iris s'assombrissent et me fusillent sans aucune retenue. Sa réaction si rapide déclenche une vague d'adrénaline dans mes veines. Je ne me lasserai jamais de la pousser à bout.

— Ça vous amuse de me provoquer, avouez le, marmonne-t-elle entre ses dents serrées.

Je trempe mes lèvres dans mon quatrième verre de whisky sans la lâcher du regard. Le sien dévie – une fois de plus – sur mon décolleté plongeant. Quand elle s'aperçoit de sa maladresse, elle papillonne des yeux avant de les baisser. Un ricanement plus fort que le précédent m'échappe.

— Vous n'avez pas idée d'à quel point j'y prends un plaisir monstre. Je pourrais y consacrer mes journées entières. À moins que vous préfériez partager mes nuits...

Je laisse ma phrase en suspens pour lui adresser un clin d'œil charmeur. Ses joues rougissent aussitôt. Peut-être est-ce dû à mon timbre chaud à la limite de l'indécent. Peut-être est-ce dû à mes formes avantageuses qu'elle lorgne sans la moindre discrétion. Ou peut-être est-ce dû à l'énorme sous-entendu que je viens de lui glisser. Parce que sous ses répliques cinglantes et son agressivité permanente, elle est loin d'être insensible à mes charmes. Encore un point pour moi, mademoiselle Swan.

— Quoi qu'il en soit, j'étais sérieuse à propos de la trêve. Soyons honnêtes, repris-je après quelques secondes silencieuses, nous ne nous apprécierons jamais. Mais vous avez beau être immature, impolie, insolente, horripilante et...

— J'ai compris, c'est bon ! grince-t-elle d'un air agacé pour m'interrompre. Allez à l'essentiel, que j'en finisse avec vous. Je n'ai pas toute ma soirée à vous accorder.

Comme si vous aviez mieux à faire, pensé-je si fort que cette idiote pourrait presque m'entendre.

— Le fait est que votre mère est l'une de mes meilleures amies donc nous serons amenées à nous croiser et à passer du temps ensemble. Alors que vous en ayez envie ou non, vous allez devoir ranger votre fierté de côté et vous comporter en adulte civilisée. Et moi aussi. Je...

Je me racle la gorge. Les mots que je m'apprête à lui dire sont coincés sur le bout de ma langue. Ils ne veulent pas sortir. Comment dois-je m'y prendre ? Je n'ai pas l'habitude de reconnaître mes torts. Les formuler à haute voix ne me ressemble pas du tout – surtout pas devant quelqu'un. Surtout pas devant elle.

— Je... J'admets avoir dépassé certaines limites. Je suppose que je pourrais mettre de l'eau dans mon vin et être plus... conciliante.

Mon interlocutrice ingurgite son deuxième shot d'une traite. Cette fois, ses traits se tordent en une grimace de dégoût. Elle remue sur son siège avant de se pencher lentement vers moi. Son visage carré se retrouve éclairé par l'un des rares néons violets du bar. Un instant de calme s'installe entre nous. J'en profite pour l'observer en détail. Ses yeux clairs me toisent avec un mélange d'interrogation et de perplexité. Sa mâchoire si souvent contractée en ma présence s'ouvre puis se referme. Ses longs cheveux blonds se promènent dans son cou, sur ses épaules, sur le haut de ses bras.