Opération "attraction glaciale" [SWANQUEEN]

❄ - Chapitre 14 - Partie 1 - ❄

| Ce chapitre sera exceptionnellement découpé en deux parties car il est plus long que les autres. Bonne lecture à vous ^^ |

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10 décembre 2021 – Bordeaux – Emma,

Une jeune femme ivre renverse la moitié de son verre sur moi. Je grince des dents et me retiens de l'insulter. Une série de plaintes incompréhensibles sort de ma bouche. À mes côtés, Ruby rit à gorge déployée. Une vive odeur de rhum me pique le nez. Une grimace déforme mes traits. Ma main s'active à essuyer les traces d'alcool qui parsèment ma robe. Une robe beaucoup trop courte, beaucoup trop moulante et au décolleté beaucoup trop plongeant. Un profond malaise m'envahit. Assise sur ma chaise, je n'ose pas bouger, de peur que le peu de tissu qui me recouvre s'envole. Bon sang ! Comment ai-je pu me retrouver dans cette situation ? Ce n'est pas moi. Les pantalons, les baskets, les vestes en cuir et les sweats, c'est mon truc. Pas ça.

— Sérieux, Rub', je ne comprends pas. Nous aurions pu profiter de mon anniversaire chez moi, au chaud sous un plaid, devant l'un de nos films préférés. Pourquoi tu m'as forcé à m'asseoir à cette table que tu as réservé dans ce bar que tu as choisis et avec l'une de tes tenues de femme fatale ? Je n'ai rien d'une femme fatale, grogné-je avec un mélange d'agacement et d'amertume.

Ma meilleure amie roule des yeux puis jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Un rictus en coin jaillit sur ses lèvres. Elle a dû repérer un homme à son goût et ne doit pas se gêner pour le reluquer de haut en bas. Je soupire sans me retourner. C'est une habitude chez elle.

— Parce que tu es magnifique, Em' ! s'exclame Ruby pour couvrir le brouhaha environnant. Les gens méritent d'en prendre conscience et toi aussi. Le noir sublime ta beauté naturelle, en plus de s'accorder avec tes boucles blondes. Sans oublier que tu as trente ans aujourd'hui ! Il est temps que tu t'éclates et que tu vives de belles choses. Tu as fêté ton anniversaire en famille cet après-midi, maintenant c'est à mon tour de profiter de toi. C'est ta journée, amuse-toi jusqu'au bout de la nuit ! Et puis... toi qui a toujours rêvé de magie et de passion, il faudrait peut-être te lancer, non ?

Je la dévisage, incrédule. Mes iris s'arrondissent face à son étrange discours. Un nouveau ricanement lui échappe. Son âme pétille d'une lueur indescriptible. Elle déborde souvent d'énergie, d'enthousiasme et de gaieté. Sa simple présence m'épuise parfois tant son dynamisme resplendit. Mais là... C'est différent. Je fronce les sourcils. Ces paroles ne lui ressemblent pas. En général, c'est moi qui parle de cette manière. Pas elle. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

— En tant que confidente, c'est mon rôle de t'aider à être heureuse, poursuit-elle avant de marquer une pause.

Son ton monte soudain dans les aigus. Sa façon de sautiller sur son siège me laisse perplexe. Ainsi, Ruby a l'air d'une enfant excitée de découvrir ses cadeaux, le matin de Noël. Mon sixième sens se réveille brusquement. Sur mes gardes, je me redresse pour me préparer à une éventuelle attaque. Ridicule mais prévisible sont mes maîtres mots. Avec elle, je ne suis jamais trop prudente.

Plusieurs secondes silencieuses s'écoulent. Mon inquiétude grimpe en flèche. Plus je l'observe, plus mon pressentiment se renforce. L'euphorie, la satisfaction et la malice qui émanent d'elle me confirment qu'elle mijote quelque chose. Ma respiration s'accélère. Quel énième plan farfelu me réserve-t-elle ?

— Au fait, je t'ai dit que nous avions une invitée, pas vrai ?

Prête à rétorquer, je me ravise dès qu'un cocon de chaleur inattendu m'enveloppe. Comment ça, une invit... ?

— Bonsoir, Emma.

Mon sang se pétrifie dans mes veines. Je reconnais ce timbre rauque et enivrant dès qu'elle prononce cette phrase. Emma. Je déglutis. Mes doutes sur l'identité de cette fameuse invitée s'évincent bien vite. Peut-être parce que je l'ai souvent entendu ces derniers temps. Ou peut-être parce que depuis deux jours, elle m'obsède. Des tas de questions gravitent en boucle depuis notre discussion dans ma chambre. Que serait-il arrivé si Henry n'était pas intervenu ? M'aurait-elle embrassé ? Des milliers de fourmillements me saisissent à cette simple idée. J'imagine ses lèvres sur les miennes... Argh.