Chapitre 5 : La fille qui n'avait plus d'espoir

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- « Aldawen n'est jamais rentrée à Mirkwood. Encore aujourd'hui, des patrouilles sont à sa recherche. Personne ne sait ce qui lui est arrivé ni où elle est. »

Halda se figea aussitôt et se pencha brusquement en avant. Elle dévisagea le visage du prince allongé, une rage sans nom semblant se glisser dans ses veines.

- « Vous mentez ! cracha-t-elle, le saisissant par le col. Les deux elfes qui l'accompagnaient se relevèrent aussitôt.

- Je ne mens pas. Après son départ, mon père m'a envoyé la chercher, répondit calmement Legolas après un geste d'apaisement à ses compagnons. J'ai erré pendant plus de dix ans à sa recherche, ma mère est tombée gravement malade, mais tous les appels du monde n'ont pas suffi à la faire revenir. Aldawen est partie pour ne jamais rentrer, c'est un choix que j'ai choisi de respecter.

- Dîtes plutôt que vous étiez heureux d'être enfin débarrassé d'une petite sœur aussi insignifiante que gênante ! gronda Halda d'une voix glacial. Aldawen mérite tellement plus que vous, vous êtes aussi odieux que votre pè- »

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'elfe se redressa pour la saisir à la gorge. Son regard plein de haine la fit trembler de peur.

- « Si vous osez répéter ce que vous venez de prononcer, je vous égorge sur le champ, rugit-il. J'aime ma sœur plus que tout, nous n'avons certes pas partager d'instants joyeux mais nous partageons le sang qui coule dans nos veines !

- J'ai connu bien des fratries qui se haïssaient, le sang n'est rien, parvint-elle à articuler.

- Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! cracha Legolas. J'ai perdu Tarannon, je connais cette douleur que je ne veux revivre pour rien au monde. On nous disait ennemis mais tout ce qui nous éloignait a disparu, emporté par la souffrance qui m'étreignait à chaque fois que je fermais les yeux, murmura-t-il en desserrant enfin sa prise. Chaque souffle était une torture, chaque larme plus lourde que la précédente. »

Il s'éloigna en titubant légèrement, Halda le vit lui jeter un coup d'oeil hésitant. Elle connaissait le nom de Tarannon, une si triste histoire que plus personne n'avait pu le prononcer jusqu'à aujourd'hui.

Elle se releva à son tour et regroupa ses affaires furieusement. Elle avait fait cette route pour rien. Aldawen n'était pas rentrée et seuls les Valar savaient où elle pouvait bien se trouver. Elle sécha nerveusement les quelques larmes de colère qui s'étaient échappées de ses yeux et sella son cheval. Pourquoi ne lui avait-il pas dit plus tôt ? Quelle ironie, c'était aux portes de la Forêt Noire qu'on lui apprenait enfin que sa pupille n'y avait jamais été.

Elle enfourcha son cheval et s'agrippa au crin avec force, tirant en arrière sa monture. Une rage incommensurable obscurcissait sa vue et la guida à travers les landes jusqu'à l'aube.

***

Hélios s'était émerveillé des neiges qui le tueraient quelques jours plus tard. Et cette pensée avait tué Elwen pendant des années.

Le souvenir était flou. Brumeux, comme si il avait été enfoui sous des tonnes de poussières pendant mille ans, comme si on avait voulu à tout prix l'oublier. Mais Elwen touchait enfin ces images perdues du bout des doigts, elle avait attendu mille ans pour cela et la clarté de la neige avait quelque chose de mélancolique. Ca y était. Hoarwell achevait de renaître en elle. Elle était prête à accueillir ce qu'elle avait fui pendant tant de siècles, elle sentait son coeur en frémir.

Les rires du jeune homme était étouffé mais ses sourires étaient toujours éclatants. Le bruit des pas était assourdissant, la clarté de la neige était aveuglante. Elwen avait dû bander les yeux de son fils pour qu'il ne perde pas la vue. La nuit, ils tremblaient si fort qu'ils ne parvenaient même plus à trouver le sommeil. Le vent sifflait tant qu'il leur semblait que plus jamais ils ne seraient capables d'entendre le silence.

La fille qui n'avait plus d'espoir | Tome 2 : Celle qui hanteTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang