chapitre trois

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J'étais plongée dans le noir. Je n'aimais pas ça. Je n'avais pas peur du noir, mais une ambiance étouffante régnait, comme si de la fumée me rentrait dans mes narines et pesait sur mes poumons. Je ne savais pas où j'étais, et encore moins ce que je faisais là. Je marchais prudemment, pendant des heures et des heures. Un long couloir infini, plongé dans les ténèbres, voilà où j'étais.

- Alexis...

On m'appelait. Je tournais la tête dans tous les sens possibles, mais je n'y voyais toujours rien. Le pire, c'était que cette voix résonnait de partout, elle ne m'appelait pas d'un endroit précis. Ne sachant pas où aller, je commençais à courir dans une direction inconnue.

- Approche, Alexis. Approche...

Cette voix semblait se rapprochait. Je courrais toujours. Les battements de mon cœur ne cessaient de s'accélérer. Elle était de plus en plus proche, de plus en plus nette. Je connaissais cette voix, claire, douce, paisible. Où l'avais-je entendu ?

Tout à coup je tombais dans un trou invisible. Je tombais, hurlais, encore et encore. Une lumière blanche apparut, et j'heurtai violemment le sol. Je gémis de douleur en prenant ma tête entre mes mains. Elle n'avait pas heurté le sol, d'ailleurs je ne ressentais rien. Aucune douleur due à ma chute, mais un acouphène horrible dans chaque oreille me rendait presque sourde.

Par-dessus l'acouphène, j'entendais qu'on continuait de m'appeler. Mais la voix avait changé. C'était celle de Luca.

- Luca ? murmurai-je, comme si je n'avais pas envie qu'il m'entende.

Je me levais et regardais autour de moi, mes oreilles s'étaient habituées au bruit sourd et continuel de l'acouphène. Tout était d'un blanc lumineux, presque aveuglant. Je plissais les yeux. Une tâche rouge, au loin, attira mon attention. Je marchais vers elle, et aperçus qu'il s'agissait d'une rose rouge. Elle flottait dans les airs, écarlate.

- Viens Alexis...

C'était elle qui m'appelait sans cesse. Elle était si belle, si parfaite. Je m'approchais un peu plus. Son rouge s'amplifiait, je tendis la main vers elle, hypnotisée.

Mais à peine avais-je touché un pétale qu'elle se consuma, partit en fumée. Une violente douleur s'empara de moi, j'en criais. D'abord éparpillée dans tout mon corps, elle se réunit dans le bas de mon dos, et ce fut comme si tout le poids d'un immeuble m'écrasait.

- Alexis, réveille-toi... Alex...

J'ouvris difficilement les yeux. Les rideaux de la chambre de Christian étaient assez épais pour retenir la lumière du soleil, mais il restait une petite faille entre les deux bouts de tissus, laissant filer quelques rayons dorées. Je pouvais donc voir l'intérieur de la chambre, et Christian, qui me murmurait de me réveiller.

Ma tête me faisait atrocement souffrir. Je levai ma main à mon front, et je reconnus la matière d'un linge humidifié dessus. Je l'enlevai ma tête.

- Christian... grognai-je.

- Du calme, je suis là maintenant.

Sa main était posée sur ma joue, tout comme son regard inquiet sur moi. Je le regardais longuement, puis lui demandai l'heure.

- Presque neuf heures, dit-il après avoir regardé le réveil-matin posé sur sa table de chevet. Tu es en retard pour aller à l'école.

- On est en juillet, imbécile.

Il me sourit, tandis que je me redressais.

- Tu n'es pas en train de travailler ?

- Si, mais j'ai senti que ça n'allait pas. Alors je suis monté, et tu gémissais, comme si tu te retenais de crier. Je t'ai donc réveillée, j'en avais déduit que tu faisais un cauchemar, je n'avais pas envie que tu le continues, me sourit-il en me caressant la joue.

Ailes (inachevée)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu