chapitre dix

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Le soleil était revenu aussi vite qu'il était parti. Tout comme le sourire de Luca.

Je ne l'avais pas vu depuis deux jours. Nous étions mardi, je savais qu'il passait la journée avec ses contrôleurs. Mais pourquoi me donner aucun signe de vie pendant trois jours ? J'avais passé mon dimanche à errer dans la maison en compagnie de mes parents et Kaya, puis, lundi, alors que je l'attendais et qu'on sonna à la porte, j'avais presque été déçue en constatant que c'était Adrian qui venait me rendre visite.

Apparemment, il avait été inquiet que je ne le rappelle pas. Car, aussitôt que Luca était sorti de chez moi, je m'étais plongée dans mes pensées avec seules ses paroles en tête : "j'attendais que tu me retiennes". En quoi aurais-je pu le retenir ? Il devait partir pour son boulot, et je n'avais plus tellement envie de passer encore du temps avec lui, car j'étais beaucoup trop mal à l'aise.

Je lui avais dit que je l'aimais. D'un coup, d'un seul, sans réfléchir. Qu'avait-il pu penser ?

Cela ne faisait que moins d'une semaine que je l'avais rencontré et je lui avais avoué comme si nous nous connaissions depuis des années. Et puis, je ne l'aimais pas : j'étais attirée par lui... non ?

Je m'étais prise la tête durant toute une journée, pour comprendre pourquoi j'avais lâché ça comme ça. Comme si c'était la plus banale des révélations. Et à l'attendre. Mais il n'était pas venu. Et hier non plus.

Aujourd'hui, encore moins. Il ne me manquait pas, j'étais juste impatiente de le revoir et agacée de l'attendre.

- Alex ?

Je levai les yeux vers Christian, qui faisait la moue. J'étais beaucoup trop distraite pour travailler correctement, la veille par exemple, j'avais oublié de ramener une commande à un couple.

- Je ne suis vraiment pas contre le fait que tu aies le béguin pour Luca, vraiment, je suis à cent pour cent d'accord. Mais s'il te plait, me suppliait-il presque, essaye au moins de te concentrer sur ce que tu fais.

- Mais je me concentre sur ce que je fais ! protestai-je.

- Ah oui ? Alors dis-moi ce que tu es en train de faire.

- Je...

Je baissais la tête vers mes mains, qui agissaient d'elles-mêmes.

- Je lave des assiettes déjà propres, constatai-je.

Je posais l'assiette et l'éponge, puis me tournai vers Christian pour m'excuser.

- Il n'y a pas vraiment d'excuse, mais promets-moi au moins de faire attention à ce que tu fais. Ça pourrait être dangereux tu sais.

J'hochai la tête en pensant : dangereux ? Ce n'est pas comme si j'étais le funambule dans sa troupe de cirque.

J'ôtais mes gants de nettoyage et passais mes mains dans mes cheveux pour les regrouper en une queue de cheval, sur le haut de mon crâne.

- Tu vas faire une pause ? me proposa Christian.

Je lui souris, piochais un cookie encore chaud sur la plaque qui venait de sortir du four et sortis de la cuisine pour passer dans la salle du café. Il y avait plutôt pas mal de monde, sur la terrasse. Pourtant, l'ambiance était tranquille. Je remarquais Louane et son fiancé attablés à une table sous l'ombre d'un platane, et lui fis signe lorsqu'elle m'aperçut. Je n'allais pourtant pas la voir, de peur de la déranger.

Je m'assis sur l'un des tabourets du bar et soupirais. Cela faisait une semaine. Une semaine que j'avais été assise là, et qu'il s'était penché vers moi pour simplement me demander le parfum de mon jus de fruits. Une semaine qu'on s'était embrassés à l'Endroit. Une semaine que j'en ressentais encore les frissons rien qu'à penser à ce baiser vertigineux.

Ailes (inachevée)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora