Chapitre 29 : Aurore (époque : 2022) (4/4)

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- Remettons-nous dans le bain et oublions cette chimère.

- Tout-à-fait Docteur, appuie J. Whedon, reprenons concernant votre mission.

- Ce dossier est ridicule, il y a plus de consignes que de renseignements... soulève un agent de la CIA.

- Nous nous passerons des commentaires de vos soutiens, officier Lewis, rétorque froidement le conseiller sans daigner porter un regard à l'équipe.

- Je vous prie de m'excuser, monsieur. Je voulais dire que cet homme est un vrai mystère.

- C'est bien ce qui justifie notre présence, rétorque calmement J. Stevens avant une réponse cinglante possible de J. Whedon.

- Si jamais vous ne trouvez rien et je ne parviens à rien avec son esprit, nous serons donc bredouille...

- Et c'est retour à la case départ pour moi, ajoute T. Lewis.

- Je vous le confirme, à vous deux, dit l'homme en noir.

- Je passerai pour le pire agent de la CIA, s'emporte fébrilement le jeune agent, avec une quasi-trahison envers son supérieur, vu comme un agent à la solde des intérêts privés... et finalement subalterne inutile d'un mentaliste décrédibilisé...

- Spécialiste décrédibilisé ? répète le psychologue avec un rictus, amusé par la remarque.

- Si vous ne réussissez pas cette affaire, votre popularité fondra comme neige au soleil.

- Certainement. Très bien, reprenons.

- Très bien ? Cela vous convient ? Est-ce là tout ce que ça vous fait ?

- Devrais-je être inquiet de vous voir mal noté et moi mal perçu ? La réputation est une représentation qui ne parle que peu de moi. Pourquoi y prêter attention ?

- Un minimum tout de même... on parle d'une fin de carrière.

- Une fin de carrière, exprime-t-il dans un toussement qui le saisit depuis les poumons jusqu'à la gorge.

L'apport indéniable de la connaissance du néant revient à la relativisation de ces formes de considération artificielle du monde des humains. Si l'abîme maltraite son observateur, il lui apprend aussi à regarder par-delà bien et mal ; dans ce fond des choses qui détient une vérité pourtant insondable, loin de la surface et des poussières qui s'agitent ici et là aux vents passagers.

- J'ai besoin d'un déjeuner ce midi, regardant ses mains trembler, mais étonnant tout le monde vu les nombreux repas sautés depuis le début de la mission.

- Vous, déjeuner ? reprend J. Whedon.

- Nous parlons de fin de carrière et de réputations ruinées et c'est à ce moment ci que vous trouvez enfin l'appétit, ajoute T. Lewis.

- Un déjeuner, mais pas pour moi.

- Je vous avais prévenu agent Lewis, le Docteur est une personne... atypique, formule avec soin le conseiller. Il fait signe aux surveillants. Voulez-vous que je demande que l'on vous apporte quelque chose de précis ? N'attendez pas un miracle évidemment.

- Un déjeuner à la française, pas un truc anglais qui n'a que l'apparence de la nourriture. Un vrai café français également, serré, pour ma concentration. Je mangerai la caféine en guise de repas.

Un surveillant et un membre de la CIA se retirent sur les instructions du grand conseiller.

- Pendant ce temps, afin d'être complet et nous tourner pleinement vers notre prévenu mystère, nous n'avons pas parlé du londonien. Le psycho-criminologue pointe la cellule avec sa tasse vide. Je vois ici que sa cellule est vide.

- Il est en QI, répond T. Lewis.

- Nous avons une cellule quartier d'isolement dans l'autre aile, avec des soins médicaux, explique J. Whedon.

- Il perdait complétement pieds... poursuit le jeune officier, sans étonnement ou désolation dans la voix. Concernant monsieur Akira Doryoma, l'équipe détient plus d'informations, son dossier complété et annoté est dans le bureau. Nous ferons un point.

Le plateau repas arrive et J. Stevens le refuse.

- J'aimerais qu'on me le serve dans sa cellule.

- Dans sa cellule, avec vous seul dedans ? T. Lewis regarde J. Whedon afin d'obtenir son approbation. Le conseiller est en réflexion, parcourant ses notes personnelles.

- On ne connaît rien de lui hormis... qu'il ait tenté d'assassiner le vice-président.

- S'il tente de me tuer moi aussi, nous aurons un début d'avancement... cette formulation l'amuse. Nous saurons qu'il souhaite tuer deux personnes et non une.

Le visage de T. Lewis démontre une réticence à la proposition.

- Allez Théodore, un peu de foi je vous prie, dit-il en riant, mais cela n'emporte aucune gaité des hommes autour de lui.

T. Lewis, résigné, se tourne vers le grand homme en noir toujours en réflexion. J. Stevens explique sa stratégie et la nécessité d'avancer, d'installer un contact poussé et une mise en confiance que l'interrogation derrière une porte ne peut satisfaire.

- Je ne suis pas le responsable chargé de l'affaire, aussi en ces moments je seconde. A défaut d'un désaccord manifeste, je ferai ce que le Docteur souhaite.

- Faites, dit J. Whedon d'un ton maîtrisé. Il s'adresse à J. Stevens : Vous serez sous surveillance et l'officier Lewis fera intervenir l'équipe de garde à la moindre bévue.

- Officier, j'attends de vous des rapports complets à chaque initiative de ce type, me suis-je bien fait entendre ?

- N'est-ce pas ce que nous devons déjà faire ?

- Faîtes, cher collègue, je vous en prie, faites, ricane le psycho-criminologue.

Le conseiller comprend et valide, sous condition d'un système de surveillance et de protection étroite. Le jeune agent se montre toujours en désaccord en estimant que cela pourrait nuire aux avancées du Docteur, certes minces mais présentes -surtout en comparant aux difficultés de contact de tous les autres professionnels.

Mais il n'est aucunement responsable des axes stratégiques et le regrette.

- Agent Lewis ?

- Oui, Docteur ? acquiesce-t-il, étonné par le ton soudain du psychologue.

- Finalement, j'aimerais aussi, pour moi, un yaourt à la fraise avec mon café français.

Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)Where stories live. Discover now