Chapitre 41 : Le remède pour l'âme (époque : 2022) (2/2)

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- Oui, je ressens très bien cette douleur à l'estomac qui serre autant que du barbelé. Elle desserre ma volonté, qui se perd à ne plus espérer.

A ces mots, J. Stevens repense à Célia Notae, et à travers elle, aux personnes perdues qui ont ponctuées sa vie, sans réellement parvenir à les saisir.

- Puis, comme vous Jonathan, j'ai cru noyer ma tristesse dans l'espoir fou d'avoir le moyen de la sauver. Je pensais sincèrement être là pour elle, pour qu'elle ne subisse pas la bêtise des hommes.

T. Lewis lit dans les yeux bleus de cet homme charismatique la sincérité pure qui manque à tellement de ses congénères.

- S'effilaient les jours comme des semaines, puis les semaines comme des mois, je me rendis compte que j'étais là... pour moi.

L'homme respire fort et calme seul son rythme cardiaque, les mouvements d'air, l'intensité de sa voix, alors que des larmes s'échappent de ses longs cils.

- On ne perd pas les choses, chers Dr Stevens et agent Lewis. Non, on les rend. Nous n'avons aucune propriété sur qui que ce soit. Devant cette évidente location des relations humaines, il y a toujours une date de rendu à la nature. Pourquoi vivre dans l'ignorance de cette information fondamentale ?

T. Lewis écoute calmement, pendant que J. Stevens se débat encore et toujours contre ses mémoires.

- Et votre monde, Dr Andrews ? pose délicatement la voix l'agent au centre de la conversation.

- Ce que je peux vous dire à présent, agent Lewis, c'est qu'il est bien loin d'ici. Vu de cette cellule, il me paraît tel un lointain rêve...

De nouvelles images prennent place dans l'esprit du Docteur, au point de l'étourdir à nouveau. Il se redresse contre le mur pour reprendre le dessus, mais les mémoires sont trop intenses pour un seul homme. 

Elles se précipitent à lui jusqu'à lui refaire perdre l'équilibre. Il se maintient in extremis en s'appuyant contre le bas de la porte pour éviter à son crâne de s'abattre contre le sol.

- Docteur, votre état empire je le vois ? s'alarme l'agent Lewis.

J. Stevens lui répond par un simple signe agité de la main, afin de ne pas prendre en considération son état.

- Nous devons sortir au moins un instant ?

Il ajoute un regard noir à son geste de la main. T. Lewis entend qu'il ne sert à rien de forcer son collègue. Il se tourne alors vers le détenu pour poursuivre l'échange, mais c'est l'homme qui parle le premier, en direction de l'expert au sol.

- Vous allez encore oublier tout ou partie de notre conversation, Jonathan ? Ce serait regrettable.

La pupille du maigre psychologue se dilate, à l'écoute. Sa production cardiaque cogne dans son corps pour frapper toutes les infimes parties de son cerveau.

- Vous n'êtes pas dans un bon jour, Docteur, mais nous n'avons plus le temps, ajoute-t-il en plongeant ses yeux bleus dans ceux de l'expert fragilisé. Qu'avez-vous fait de votre mère, Docteur ?

- Ma... ma... mère ?

- Oui, votre mère, insiste-t-il.

- Je ne l'ai pas soigné... jamais.

- Qu'avez-vous fait, alors ? sourit-il, reconnaissant à J. Stevens ses efforts.

- Je, je...

- Qu'avez-vous fait à votre père et à votre mère ?

Des flashs de violences extrêmes reviennent au clinicien. Des flashs issus des mémoires cachées récoltées au fil de ses interventions.

Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)Where stories live. Discover now