Chapitre IV : Nouveau monde : Mon monde

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- Je n'imagine pas ce que tu dois ressentir. Prends tout le temps qu'il te faut pour digérer cette nouvelle mais sache que tu es en sécurité ici.

Comment puis-je la croire ? Elle était dans un endroit que même la mort ne veut confronter. Remarquant le language de mon corps, braquée de méfiance, de peur, elle s'élance à nouveau donnant l'impression de lire en moi.

- Je sais ce que tu dois penser. Mais en temps normal, je ne vais jamais dans ce genre d'endroits. Enzo non plus d'ailleurs. Mais quelque chose l'a retenu quand il s'est entretenu avec Roberto. J'attendais dans sa voiture mais il prenait bien trop de temps pour une simple entrevu alors je suis venue voir ce qu'il se tramait. Puis ensuite je t'ai vu.

Je comprends un quart de ce qu'elle vient de m'énoncer mais une chose est sure : Son but n'est pas de me traiter comme un objet. Elle ne prendrait pas la peine de se justifier et de m'éclairer autant sur la situation dans le cas contraire. Ou encore de me demander de lui faire confiance, de se montrer à l'écoute et d'agir comme si j'étais chez moi. Ou peut-être qu'elle me manipule. Néanmoins, je ne décolère pas. Elle ronge mes veines, se loge dans mon sang. Comment peut-on traiter les femmes, sa fille de la sorte ? La chair de sa chair ? J'entends Sinara s'éloigner de moi dans les escaliers, en affirmant : "Le reste pourra attendre" afin de me laisser seule pour digérer l'information.

- Attend. J'ai une requête à faire.

Il ne peut pas s'en sortir aussi bien, friqué et sans problèmes. Il ne mérite pas tant de facilité alors que j'ai trimé toute ma vie pour lui. Je lève la tête, les épaules, regarde droit devant moi laissant l'air de ne pas être abattue par la nouvelle. Si ce qu'elle dit est vraie, alors mon père n'est plus un problème.

- Tout ce que tu voudras secoua-t-elle curieuse.

- Si ce que tu dis est vrai alors je ne le verrai plus ? Plus jamais ?

Elle opine, silencieuse la mine compatissante. Elle pense sûrement que je risque d'être peinée de savoir que je ne verrai plus jamais mon géniteur. Si seulement elle savait. Cela étant dit, récupérer cet argent n'aura aucun préjudice à mon égard.

- Alors j'aimerai que vous récupéreriez l'argent qui a été versé à mon père pour ma vente.

Légèrement étonnée, malgré tout elle a l'air de comprendre mes motivations sans que je n'ai à les justifier. Elle se dit sûrement que cet argent est sale, et que je ne laisserai personne gagner de l'argent sur ma vie. Elle ne bronche pas mais s'affirme, propos dont elle me fait part.

- L'argent t'est donc destiné me sourit-t-elle.

Après tout, cette monnaie est à mon nom car c'est le prix que ma vie coute.

- Non. Verse cet argent pour la cause des droits des femmes.            

      Après mon action qui l'a rendu le regard émue, elle m'a sourit et s'est éclipsée me laissant l'étage du haut à moi seule. Pendant des heures je suis retournée et restée assise sur ce lit, en essayant de digérer cette satanée information. Pour en arriver à une conclusion. Mon père n'a plus aucune estime de ma personne et que, moi, sa fille n'était qu'un paquet de fric pour lui. Je suis morte à son égard au moment où ma mère est décédée de son cancer. J'ai pleuré de colère, puis de tristesse pour finir par des larmes de soulagement et de joie. Je ne suis pas heureuse de savoir que je n'étais que des billets aux yeux de mon père. Non, heureuse de savoir que tant que je le voudrai je pourrai être aussi loin de lui que possible. J'ai enfin cette opportunité. Elle me donne l'impression d'être protégée et tant que je resterai ici, de continuer à l'être. Mais tout ne peut être qu'illusion. Sinara n'est pas apparue à nouveau me laissant la solitude dont j'avais besoin. "Le reste pourra attendre." Je sais qu'elle n'avait pas fini de m'expliquer où j'étais, qui elle ni même qui est ce qui m'entoure mais si le reste de ses informations sont aussi durs à digérer, je ne sais pas si je suis prête à savoir où j'ai atterri. Qui se retrouve à dialoguer avec un homme branché dans les trafics humains ? Je ne pensais pas que ça existait réellement. Jusqu'à l'heure d'aujourd'hui.

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant