Marquise

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Habillée d'une somptueuse robe bleu roi la jeune femme descendit paisiblement les marche sous les regards émerveillés de l'assemblée.

Elle évoluait gracieusement un sourire aimable collé sur les lèvres, mais n'accorda aucun regard à ceux qui se retiraient sur son passage. 

Certains s'agenouillèrent lorsqu'elle passa devant eux. Les enfants comme leurs parents étaient émerveillés. Même le roi et la reine la regardaient avec une curiosité mal dissimulée. C'était la première fois qu'ils voyaient une chevelure dorée.

Son visage clair mettait en valeur ses cheveux blonds qui formaient un halo de lumière autour de sa tête. Ses yeux glacials fixaient un point invisible et ses lèvres formaient une moue impassible. 

Elle avait l'allure d'une reine.

Anna monta sur l'estrade et exécuta une révérence face au roi qui constituait un affront sans nom : elle conserva le dos droit, ne baissa pas les yeux et n'attendit pas l'approbation royale pour se relever.

Personne ne fit de remarque.

La jeune femme s'exprima d'une voix assez forte pour sortir la foule de la transe qu'elle avait instaurée par sa simple présence.

- Je vous remercie Sir Édouard de m'avoir justifiée auprès de sa majesté.

Elle salua l'homme d'un signe de tête et se retourna vers la famille royale.

- Mon retard est, je le crains inconvenant et inexcusable malgré la distance qui sépare Ortus de Tiona, mais j'espère que vous ne tiendrez pas compte de cette erreur. Je reste cependant confuse quant à l'annonce de mon nom, majesté.

- Votre retard démontre un manque certain de courtoisie, mais passons. Vous êtes confuse, mais vous venez de Tiona et vous semblez être en âge de vous marier. Pour quelle autre raison auriez-vous parcouru un si long chemin comme vous l'avait remarqué ?

Le roi était sorti de son engourdissement.

- Je suis présente par décret royal pour m'assurer de l'engagement de mes cousines. Comme mon titre le suggère, j'ai des devoirs royaux à tenir comme le rôle de diplomate, mais pas celui de promise.

La foule s'était tue face à la pique. La reine resta muette face à tant d'assurance. Le prince ricana.

- Vous pensez me faire adhérer à de telles paroles sans missive alors que votre nom sort d'une enveloppe scellée de la main de votre souverain.

- Sir Edouard, pouvez-vous donner la lettre de passe-droit.

Le vieil homme s'inclina et passa l'enveloppe cachetée au conseiller.

L'homme de petite taille décacheta le sceau royal et parcouru rapidement les phrases. Le roi l'intima de lire ce que le souverain voisin avait écrit. Le conseiller lança un regard contrit à la jeune femme.

-Ce passe-droit accorde à la marquise de Herelna un laissé passer dans notre royaume pour une durée de deux mois. Il est signé de comte Voka ministre des Affaires étrangère d'Ortus et le cachet du roi Raphaël y est apposé.

Anna resta de marbre. Un titre de séjour prolongé pouvait être explicable.

-Il précise dans sa note, je cite « Je souhaite, malgré votre engagement envers le prince, que vous trouverez du temps à la réflexion pour les Cavaliers, dans ce sud que vous chérissez tant ».

A ces mots, l'assurance d'Anna se fissura. Son visage rougit de colère et ses dents se serrèrent à l'entente de la phrase moqueuse. Elle déglutit péniblement pour reprendre contenance face à la Cour qui suivait la scène avec le plus grand des intérêts. Elle devait reprendre les devants.

-Il semble qu'un malentendu se soit produit. Je ne peux abuser de votre générosité plus longtemps ainsi, je m'en retourne chez moi régler cette affaire. Je m'excuse au nom de Tiona pour ce désagrément qui soyez-rassuré ne se reproduira pas. Que les Dieux soient avec vous et qu'ils gardent votre couronne.

Elle esquissa une révérence.

-Tant que l'affaire n'est pas résolue, marquise, vous êtes sous ma responsabilité comme vos cousines. Ainsi, vous resterez à Ortus jusqu'à ce que je reçoive une lettre de votre monarque indiquant le retrait de votre candidature. Soyez la bienvenue à Ortus.

D'un geste gracieux, il désigna la foule et Anna se résolut à la saluer d'un hochement de tête.

Elle se retint de l'insulter copieusement sur le fait de la garder ici. Elle n'avait pas de passe de diplomate et par conséquent, elle ne pouvait se soustraire à son ordre. Les lois du continent stipulaient qu'un roi avait tous les droits sur les étrangers à moins que ceux-ci ne soient diplomates.

Elle sentit sur elle le regard de la Cours, mais elle ne s'en formalisa pas, car son esprit était chamboulé. Il lui fallait du calme pour réfléchir correctement à un plan pour retourner chez elle.

Heureusement, le roi annonça la fin des réjouissances, plaidant la fatigue que pouvaient ressentir les candidates après un long voyage.

D'un même mouvement, la foule se retira, emportant avec elle les ragots sur cette étrange entrevue.

La délégation tionienne se retira avec Sonia et Charlotte sans qu'aucun d'eux n'accorde une parole à la jeune femme. Le roi se retira avec ses conseillers non sans avoir lancé un regard méfiant à la jeune femme.

Anna amorça un pas pour rejoindre Sir Edouard qui l'attendait en bas de l'estrade, mais le prince lui barra la route.

Elle lui adressa un regard noir, mais inclina la tête en guise de salut. Elle croisa ses yeux bleus rieurs. D'un ton, amène, il engagea la conversation comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés.

-Bonsoir mademoiselle.

-Marquise, le corrigea-t-elle.

Il ignora son ton froid.

- Pouvons-nous converser un peu pour apprendre à nous connaître ?

-Non, siffla Anna.

Elle vit la reine derrière le prince écouter d'une oreille discrète leur conversation. Personne ne devait savoir qu'elle le connaissait déjà.

- Je suis épuisée tant par le voyage que par un mauvais personnage qui s'est joué de moi et qui m'a fait perdre mon temps. Je crains d'être une piteuse compagnie pour vous. Ainsi, je me retire dans mes appartements.

La reine s'éclipsa avec ses dames de compagnie.

-  Je vous souhaite de vous étouffer dans votre sommeil Votre Altesse, cracha-t-elle.

Elle tourna les talons et prit le bras de sir Edouard sans attendre sa réponse. Ensemble, ils traversèrent la salle sous le regard furibond du prince.

Anna murmura à son ami :

-Il paiera de m'avoir vendue. Je me vengerais pour tout ce qu'il m'a fait, lui et tous les autres en commençant par ce roi de pacotille et sa lignée.

-Je n'en doute pas, répondit le vieil homme narquois.


-Bonjour les gens-

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Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant