Je veux un pantalon

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La reine Aliénor avait invité les trois promises et leur chaperon à la suivre sur la terrasse. N'en ayant pas, la marquise avait demandé à Ophélia de l'accompagner.

Situé à l'est du palais, le jardin du printemps, où avait lieu le goûter, était splendide. En forme d'octogone, il était comme les anciens temples avec un toit soutenu par de simples piliers de marbre blanc entourés de lierre qui laissaient passer le vent. Les grandes ouvertures donnaient sur des parterres de fleurs qui à cette époque de l'année étaient en pleine floraison.

La marquise appréciait le captivant décor jusqu'à ce que le chaperon lui fasse une remarque sur sa robe.

-En plus d'être sans manière, vous portez la même robe que ce matin. N'avez-vous donc aucune considération pour notre reine ?

Madame Datib avait attendu que la reine soit assez proche pour la rabaisser. La tionienne avait immédiatement réagi en lui assénant une réplique cinglante qui lui cloua le bec.

- C'est assez curieux, votre regard de vipère est bien plus aiguisé pour remarquer ma robe que vos gros sabot piétinant les jupes de ma cousine. Laquelle de nous fait offense notre hôtesse ? Moi avec une robe adaptée aux circonstances ou vous avec votre manque de manières ?

Ophélia repensait avec satisfaction au visage défait du chaperon qui s'était empressé d'enlever ses pieds.

Elle n'était que femme de chambre, mais comprenait pourquoi la jeune femme avait réagi si durement. Elle ne devait montrer aucune faiblesse face à ses opposantes. Après tout, n'étaient-elles pas toutes ici pour la couronne ?

Ophélia savait que sa maîtresse portait cette robe, car elle était la seule qu'elle avait amenée. Ayant prévu un court séjour, sa garde-robe était plus que restreinte.

C'est pourquoi, elles étaient devant la boutique d'une modiste du centre-ville.

Le magasin donnait sur une petite place coincée entre une boulangerie et une école. À cette heure de l'après-midi, la place était vide, mais on pouvait entendre les rires provenant de la cour de récréation.

Elles rentrèrent dans la boutique où une femme entre deux âges les accueillit chaleureusement.

La tionienne qui se cachait sous sa capuche, la salua d'un geste de main tandis que la brunette se rangea derrière elle.

- Bonjour mesdames. En quoi puis-je vous aider ?

-Bonjour madame Vionette, répondit Ophélia. La marquise de Herelna séjourne à la Cour et a besoin de robes. Elle vient de loin et sa penderie n'est pas adaptée à notre beau royaume.

La modiste hocha la tête concernée.

-Très bien, je comprends. Il me faut vos mensurations ainsi que le nombre de toilettes dont vous avez besoin.

-Il lui faut impérativement trois robes de bal, sept pour les événements de tous les jours, plus deux ensembles de nuits et deux tenues pour la pratique sportive, s'il vous plaît.

La couturière nota tout sur son petit carnet.

-La marquise a besoin de ses robes dans les plus brefs délais ainsi, elle pourra se satisfaire de pièce déjà cousue.

La couturière acquiesça.

-Si vous voulez bien me suivre. Je vais d'abord prendre vos mensurations puis nous aviserons sur les tissus.

Elle les guida jusqu'à la porte double battant.

La modiste les invita à entrer pour qu'Ophélia s'occupe de sa maîtresse, mais la brunette resta hors de la salle avec la commerçante.

Le destin d'AnnaWhere stories live. Discover now