Un retour inattendu

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Riley

Ce que je suis en train de faire est sûrement une connerie. Que dis-je c'est une véritable connerie. Mais putain qu'est-ce que je l'aime cette connerie.
On ne parle pas de sexe là, ce n'est qu'un baiser. Un parmi tant d'autres et avec Ciara qui plus est. Pourtant il y a quelque chose de différent dans celui-ci.
Et au moment où je crois qu'on est enfin sur la même longueur d'onde elle et moi. Ciara me repousse et me regarde essoufflée, avec un air hébété, décroisant ses jambes qui se trouvaient encore autour de ma taille.

— Ciara ?

— Attends. Laisse-moi respirer s'te plaît.

Aïe. On ne me l'avait jamais faite celle-là.
Et alors que égo en pris un sacré coup, Dylan décida de faire son grand retour parmi nous.

— Riley tu penses qu'on devrait sécher le cours d'espagnol demain ? Dit-il en entrant précipitamment dans la pièce juste avant que Ciara ne descende maladroitement de son bureau. Qu'est-ce que vous faites ?

Ciara me regarde à nouveau, désespérée, attendant que je réponde à la question de Dylan. Je ne me suis toujours pas décollé d'elle et c'est vrai qu'on a l'air suspect seuls dans cette chambre.
Cependant je n'ai aucune envie de devoir trouver une explication à tout ça. Willy semble l'avoir compris et prend donc les choses en main.

— Ton chargeur, dit-elle sans sourciller comme si je n'étais entre ses jambes il y a peine deux minutes. J'ai pas pris le miens, je peux ?

— Euh ouais, répond Dylan alors que Ciara partait déjà avec son chargeur. Timal t'es sûr sûr que ça va ? T'as l'air bizarre.

Bien sûr, ta meilleure amie vient de me mettre le râteau de ma vie. Putain, je savais que me rapprocher autant d'elle n'était pas une bonne idée et pourtant je n'ai pas pu m'empêcher. Je me suis battu avec Ryan pour elle, je suis venue la chercher à la manif alors que je m'étais jurer de ne plus l'approcher et pour couronner le tout je viens de l'embrasser sur le bureau de mon meilleur pote.
Sérieusement qu'est-ce qui va pas chez moi ?

— Ça va, je mens à Dylan reprenant mon sang froid. Pourquoi on devrait sécher l'espagnol demain ? Je demande changeant de sujet par la même occasion.

— Ce connard veut nous qu'on fasse une éval, encore.

Quand il dit "ce connard", il veut parler de monsieur Sylvain notre prof d'espagnol, qui en l'espace de deux semaines nous a mit six évaluations. Depuis je crois que c'est la personne que Dylan déteste le plus en ce monde.

— Ok pour sécher.

De toute façon j'étais déjà pas d'humeur à aller en cours.

— Cool, on continue ? Demande Dylan en parlant de la play.

— Ouais.

En rentrant chez moi je constate que la maison est silencieuse, ce qui n'est pas possible quand vous vivez avec deux vieux aigris. Ayant pour passion les jeux télévisés et le football.
Surtout que la porte était ouverte.

— Mamie t'es là !? Je crie en lâchant mon sac à dos au milieu du salon. On mange quoi ce soir ? *An ka mò fen, je murmure en allant dans la cuisine.

*Je meurs de faim.

— Je t'ai déjà dit de ne pas l'appeler uniquement quand tu as besoin de te remplir le bide, dit quelqu'un derrière moi alors que j'avais la tête dans le frigo.

Ne me dites pas que...

— Qu'est-ce que tu fous ici ? Je demande en me retournant brusquement.

— Bonjour Riley, moi aussi je suis content de te voir.

— Sérieux Max qu'est-ce que tu fais là ?

— Tout ce cirque sur les formules de politesse ça n'a jamais été notre truc, hein ? Papa détestait ça.

Il trouvait que ça avait un côté hypocrite, mais mamie elle insistait très fortement sur le fait qu'il fallait être polie en toute circonstance. C'est pourquoi elle n'a jamais aimé la façon dont-il nous élevait Max et moi.

— Exactement, alors tu vas me dire pourquoi t'es en Guadeloupe ? Je m'impatiente.

— J'ai décidé de revenir définitivement.

Quoi ?

— La France n'était plus assez bien pour toi ?

— Mon petit frère est un génie à ce que je vois.

— Tu oublies Émilia et Léo.

Il ne va quand même pas les faire déménager à cette période de l'année, on est au mois d'octobre.

— Ils sont venus avec moi.

Et bah si. Du haut de ses vingt-cinq ans mon frère peut être un véritable idiot impulsif quand il s'y met.

— Où vous allez vivre ?

On est trois ici et on était déjà à l'étroit quand on était quatre. Alors je nous imagine mal, vivant tous les six dans cette maison, avec un enfant de cinq ans.

— Dans notre ancienne maison à Cocoyer.

On habitait là-bas avec papa, sauf que depuis la maison était en location.
Heureusement pour Max, les dernier locataires sont partis le mois d'avant, je ne sais pas ce qu'on aurait fait autrement.

— Tu peux vivre avec nous si tu veux, propose-t-il soudainement. Papy et mamie sont justement en train de faire visiter Émilia et Léo.

— Non merci.

Je ne veux pas y retourner.

— Et sinon comment tu comptes taffer ?

— Jacky a déjà accepté de m'embaucher, me répond Max nonchalant.

Décidément, ce pauvre Jack Pradel se retrouve sans cesse à devoir engager des jeunes sans emploi.

— Ce n'est pas que je n'aime pas être interrogé tel un criminel par un adolescent de dix-sept ans, mais je voudrais en savoir un peu plus sur toi pour changer. Tu n'appelles jamais.

— Sauf que mamie elle, le fait très souvent et se sent toujours obligée de tout me raconter, je répond en levant les yeux au ciel pensant à toutes ces heures interminables qu'elle passe au téléphone avec Émilia chaque semaines.

— Je sais pas raconte moi n'importe quoi, me propose Max. T'as une copine en ce moment ?

— Tu te fous de moi ? Je demande en arquant un sourcil.

— C'est vrai j'oubliais, dit-il en ricanant. Avoir une meuf c'est pas ton truc. Alors le basket ?

— On reprend la semaine prochaine.

S'en suivit donc une conversation plus que banale avec mon grand-frère.
Mais à aucun moment on ne parle de papa. D'à quel point tout est différent depuis qu'il n'est plus là. Que sa mort a changé quelque chose en nous, qu'on ne sera plus jamais pareil.
Je vais peut-être passer pour un égoïste mais pour tout dire, éviter le sujet me convient parfaitement.

La promesse d'un petit conOù les histoires vivent. Découvrez maintenant