CHAP. TRENTE-HUIT

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MARÍA :






Ruben part à sa pose au même moment où je revient dans la salle. On se croise. On a juste le temps de s'échanger un regard. Un regard qui veut dire beaucoup de choses et rien à la fois. Mais il est là, de mon côté, il me soutient.
J'observe quelques secondes la salle pour évaluer le travail qu'il reste. Des verres à débarrasser en terrasse. J'vais y aller.

Je prends la direction du bar où Mathieu et un de ces potes y sont accoudés. Ils sont juste à côté de Gabriel. Ils doivent sûrement se parler. J'essaye de rester neutre alors que je contourne le bar, passe de l'autre côté du comptoir, le côté seulement accessible au personnel et me retrouve face à Mathieu. Ou plutôt derrière Mathieu. Autant il était tourné côté comptoir avant que j'arrive, autant il s'est retourné côté piste quand je suis passée derrière. Bien pour m'éviter.
Je choppe un plateau vide. Je m'en vais sans dire un mot. Il y a beaucoup de bruit, il y a beaucoup de monde. Je sors dehors, récupérer les verres vides avec mon plateau.
Discrètement, alors que ramasse les verres sales, je regarde par la baie vitrée. Mathieu s'est à nouveau tourné, et discute avec Gabriel et son pote. Il ne regarde plus la piste de danse.
Tiens, tiens Mathieu ? On est gêné quand je passe ? On me snobe ? J'croyais que t'avais peur de personne toi ?

Un sentiment machiavélique me traverse : j'ai envie de jouer. J'ai envie de le provoquer. Je sais c'est ce qu'il y a de plus stupide sur Terre mais là, j'ai pour une fois envie d'être celle qui maîtrise. Finie la petite fille apeurée.
J'ai un mélange de joie et tristesse en me disant cela. María t'es conne. Ça te mène à rien. Tu fais genre mais toi aussi t'es gênée. Alors ne fais rien. Travaille normalement et oublie le. On s'en fout de lui.

Je retourne en salle, plateau de verres sales à la main gauche, ma main droite me permet de pousser les gens qui dansent autour de moi pour que je ne renverse rien. J'arrive au bar. Rien à bouger. Mathieu, Gabriel et son pote sont toujours là. Je refait le même trajet, repasse derrière le comptoir. Mathieu ne m'a pas vu arriver. Il discute avec Gabriel. Même si je ne le regarde pas et pose mon plateau un peu plus loin au bout du bar, je sens son regard se pose une seconde sur moi. Ça me donne un frisson. Ça me fait chier d'avoir un frisson pour çà.
Il faut pas que je reste plus longtemps à côté de lui. C'est finalement plus fort que moi. Je ne vais pas réussir à passer au dessus ce soir.
Je laisse mon plateau et retraverse le bar, passant derrière Gabriel pour pouvoir sortir du comptoir, et reprendre place en salle.
Gabriel m'arrête en course.
Il m'attrape le bras.
Putain !

Gabriel : María, attend que je te présente mes potes non ?

Je me retourne, je croise le regard de Mathieu qui regarde vite ailleurs pour l'éviter. Il n'a pas l'aire plus à l'aise que moi. Il n'a pas envie de ça lui non plus.
Il est gêné que je sois là.
Je suis gênée qu'il soit là....

María : Euh oui mais j'ai beaucoup de boulot à faire. Je réponds en espagnol même si Gabi m'a parlé en français. Les clients m'ont appelé là.

Gabriel : Attend ça prendra juste cinq minutes. Il me répond à nouveau en français.

On se retrouve tous les deux côte à côte face à Mathieu et son pote. Je ne pense d'ailleurs ne jamais avoir vu son pote à Nantes. Peut-être qu'il n'était pas là au show case. Je sais plus. Je n'ai pas trop le temps d'analyser non plus. Gabriel enchaîne ma présentation à ma place.

ME ENCANTA- PLK Where stories live. Discover now