MON ARBRE

La mission

L'une des boîtes attire indiciblement mon regard, je ne me souviens pas l'avoir vue avant. Des picotements dans mes mains se font ressentir. Encore ce fichu syndrome de Raynaud qui se réveille...Je suis tentée de l'ouvrir. Elle est incrustée de rubis et de nacre. J'hésite...Je me sens comme un enfant pris en faute, alors je vérifie qu'il n'y a personne. J'ai une impression soudaine d'être observé. Ma grand-mère est là, derrière moi, je la vois clairement. Pourtant, elle est décédée il y a un mois. Je cligne des yeux et je chuchote :

_ Mamie ?

Elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Cette maison est hantée, j'avais des doutes étant plus jeune déjà mais maintenant, j'en suis sûr. Il s'avère que je l'ai vue au moment même où j'allais ouvrir la boîte...Mais, ce n'est pas cette apparition fortuite qui va m'arrêter sur ma lancée. Je soulève doucement le couvercle et ce que je découvre me fait pâlir. Une minuscule photographie en noir et blanc repose sur un fond tapissé de velours d'un noir de jais. Le sourire d'un jeune garçon qui est mon portrait craché, voilà ce qui se trouve sous mes yeux stupéfaits. Je remarque au dos une date : le 23 septembre 1962. Ce garçon me ressemble mais je sais pertinemment que ce n'est pas moi. Avec fébrilité, je tente de soulever le fond de la boîte. Je regarde autour de moi à la recherche de quelque chose de pointu. Une paire de ciseaux est posée sur le rebord de la fenêtre. Je m'en empare et avec la pointe, je soulève l'habillage en velours. J'aperçois mon visage d'enfant photographié. Pourquoi avoir caché mon portrait sous celui du garçon ? Il faut que je m'asseye, mes jambes deviennent flageolantes. Les questions se bousculent dans ma tête. Qui a pu cacher mon portrait ? Et pourquoi pas le sien ? Aurais-je un frère ?

C'est à cet instant précis que germe le besoin irrépressible de connaître l'identité du garçon qui me ressemble tant.