MON ARBRE

L'investigation

_ Cher Albert, ne te fais pas de bile, envoie-moi la photo du garçon que tu prends pour un éventuel frère. Je vais peut-être pouvoir trouver quelque chose...

_ Juste derrière, il y a une date qui correspond au jour de mes dix ans et puis son accoutrement aussi, tu verras, c'est pas commun.

_ Bon, je vais voir mais tout ça doit avoir une explication logique. Je t'embrasse et à très bientôt, je te tiens au courant dès que j'en sais plus.

_ Je te l'envoie, je t'embrasse aussi, à plus.

Je raccroche et ressors les deux photos que je photographie l'une à côté de l'autre des deux côtés et j'envoie le tout à ma tante. Je passe plusieurs coups de fil comme celui-ci. Mes tantes et oncles sont unanimes, mes cousins aussi. Ma mère n'en a eu qu'un et c'est moi. C'est quand même une histoire à dormir debout. C'est quoi cette histoire de fous

Je décide de me rendre à la maternité où ma mère a accouché. A l'accueil, l'hôtesse me répond qu'elle doute que les archives pour cette date soient encore sur place. Elle appelle une sage-femme puis une obstétricienne. J'ai l'impression d'être comme un taureau devant qui on agite un long tissu rouge sang. Une femme qui a l'âge d'être à la retraite à priori s'avance vers moi, elle porte une blouse blanche. Elle me sourit et me demande de la suivre. Il s'agit d'une sage-femme qui connaît la gynécologue qui travaillait pendant les années où ma mère a accouché de moi. Je lui montre les photographies et je lui explique ma démarche. Elle me répond qu'il va falloir plusieurs semaines pour rechercher le dossier de ma mère. Je lui dis que je suis prêt à patienter le temps qu'il faudra du moment que j'ai une réponse à savoir si oui ou non ce garçon est bien mon frère. Je lui note mon numéro de téléphone et je la remercie avec le plus de chaleur dont je suis capable.

Je repense à la détective. Elle pourrait découvrir des pistes qui ne me sont pas venues à l'esprit. Après tout, c'est son travail. Je fouille dans mes poches à la recherche de son numéro, je n'ai même pas pris le temps de l'enregistrer dans mes contacts. J'ai ma tête qui chauffe. Je me sens pris dans une aventure qui ne dépend pas de moi. Mon passé ressurgit à vitesse grand V et même si je tente de le ralentir : rien à faire. Il est comme un cheval fougueux qui se cabre sous la cravache. Mes doigts saisissent la carte de Mademoiselle Labay, je compose son numéro et je l'enregistre. Mon imagination se perd à nouveau.

Là, sous mes yeux figés se trouve une nymphe aux cheveux qui ondulent le long d'un dos nu. Albert revient !