Le voyage

5 0 0
                                    

_ Merci. Avant d'aller plus loin, j'aimerais que vous m'informiez du montant de vos honoraires, s'il vous plaît.

_ Bien sûr, la première entrevue d'une heure coûte cent vingt euros toutes taxes comprises.

_ Entendu et comment se passera la suite ? Les échanges téléphoniques, les correspondances par courriel ?

_ Justement, j'allais vous demander votre adresse électronique, je vais vous envoyer un devis rapidement.

J'attrape dans ma sacoche l'une de mes cartes de visite qui indique toutes mes coordonnées et la lui remets. Elle la scrute.

_ En tant que directeur du groupe MCMS, vous devez pas mal voyager, j'imagine.

_ En effet, c'est l'un des nombreux avantages. Mon grand-père m'a désigné pour reprendre le flambeau depuis vingt ans maintenant, donc on peut dire que les vols Paris-Brésil, je connais par cœur. D'ailleurs, je repars dès la semaine prochaine.

_ Vous pourrez avoir un peu de temps pour cette affaire quand même ?

_ Oui, j'en trouverai. Je compte continuer mon enquête là-bas. Mes parents et mes grands-parents y allaient régulièrement. Il y aura peut-être quelqu'un qui reconnaîtra cet enfant.

_ Si nous le retrouvons, il serait bien que vous soyez préparé psychologiquement ; il aura sans doute beaucoup changé.

_ Mon imagination est à son paroxysme en ce moment et je me projette beaucoup, ne vous inquiétez pas pour ça.

_ Très bien. Pour avancer dans mes recherches, je vous enverrai mes questions par mail si cela vous convient.

_ Pas de problème. Je lui souris en la regardant dans les yeux. Je me sens soutenu par la force qu'elle dégage, elle me rend mon sourire. C'est dommage d'échanger avec une femme pareille dans ce cadre-là. Peut-être qu'après... on pourrait...

Elle se lève et je l'imite. Je la suis jusqu'à l'entrée, elle me tend à nouveau sa main si blanche et je la prends en la serrant avec délicatesse. Nous sous saluons respectueusement.

Voilà. Je suis installé sur un siège en première classe dans l'avion direction Regina. Une fois sur place, je monterai dans un hydravion qui m'amènera à Oïapoque au Brésil. J'ai hâte de revoir ces champs à perte de vue que Grand-père avait achetés dans les années soixante. Lui, ma grand-mère et mes parents avaient investi tellement de leur temps à faire fructifier cette entreprise. Le manioc, la courge, le maïs et le soja y poussent à foison. C'est l'agriculture commerciale qui leur a rapporté gros et qui me permet aujourd'hui d'avoir un train de vie que beaucoup m'envient. Mais c'est aussi d'énormes responsabilités et des soucis. Je sais que les peuples autochtones plaident pour la préservation de la forêt de l'Amazonie, ils ont tenté d'entrer en relation avec moi. Ma secrétaire m'a mis au courant et j'ai immédiatement contacté mon conseiller en relationnel qui a une grande connaissance sur le sujet de l'écologie. Nous avons discuté d'une stratégie et j'ai accepté de rencontrer le chef des deux peuples autochtones. J'appréhende évidemment. 

MON ARBREWhere stories live. Discover now