Chapitre 5 : « Nos plus belles années »

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-Hey Max ! Regarde ce que je viens de nous prendre ! Allez pour une fois, c'est moi qui te corrompt ! Ça fait deux semaines qu'on ne s'est pas vus, et n'oublions pas que ce soir, c'est le concert !

Je vois Joseph apporter un énorme sceau de Punch. Nous nous sommes retrouvés avec nos amis pour boire quelques verres avant d'aller voir Pyramid, un groupe de jeunes métalleux. Je n'apprécie que très peu ce style de musique mais Joseph connaît bien les membres et insiste toujours pour qu'on aille les voir dès qu'ils font un concert à Paris. Ce soir, nous n'y allons que tous les deux. D'habitude Perline vient avec nous, mais depuis qu'elle a commencé son internat à l'hôpital, il est plus difficile de passer des moments avec elle.

-Et cette tournée là, on ne la partage pas ! Ce n'est que pour Mamax et moi les amis ! hurla Jospeh en brandissant la louche pour nous servir.

-Arrête de m'appeler Mamax. Et ne m'en mets pas trop. J'ai promis à ta soeur que j'irai la chercher demain matin après sa garde. Elle m'en voudra si je suis en retard ! En plus je lui ai prévu une journée de rêve pour qu'elle puisse décompresser. SPA avec massage, restaurant et ensuite un après-midi à l'exposition de son artiste peintre préféré.

- Elle va être super contente ! Mais ne t'en fais pas, je sais que tu vas assurer.

Je m'empare alors du verre qu'il vient de me servir.

-A la tienne !

-A la nôtre !

Le sceau se vide à vive allure. A peine le premier verre fini que dans l'euphorie de l'ambiance du bar, je laisse mon meilleur ami me servir le deuxième quasi machinalement, puis le troisième. J'entends Joseph qui commence à parler de plus en plus fort, avec un rire révélateur d'un taux d'alcool en plein ascension, ce qui ne présage rien de bon pour le concert de ce soir.





****************


-Allez on y va Max ? Je viens de finir mon verre, je suis prêt pour du bon gros son ! Cria Joseph dans le bar.

Je prends mon sac, mon manteau, et je le suis sans rechigner. On essaie de sortir du bar encore bondé de monde, en tentant difficilement de se frayer un chemin. C'est toujours la même galère. Un nombre de soiffards beaucoup trop important pour la superficie du lieu. Mais c'est ce qui fait aussi tout son charme. J'adore ce bar. Sa décoration irlandaise, les grands tabourets, les longues tables en bois qui nous forcent à s'asseoir à côté d'inconnus, les vieilles affiches Guiness, les énormes fûts disposés à la vue de tous et les patrons en kilt.

Une fois sortie, j'ai envie d'une cigarette. Le froid glacial me force à m'y reprendre à trois fois pour faire fonctionner mon briquet.

-Jo, on peut prendre le Uber ? J'ai vraiment super froid là. Il fait au bas mot -6 degrés.

-J'avoue que là, c'est la combinaison de ski qu'il nous faut. Mais sur l'application, ils disent que le Uber va mettre plus de 30 minutes à arriver. Et dans tous les cas, avec ce verglas, je pense que c'est plus prudent d'y aller à pied. Il n'y a plus l'air d'y avoir grand monde qui ose prendre sa voiture ce soir et nous ne sommes pas très loin.

C'est vrai que le sol était plus que glissant et aucune voiture en vue. Malgré de petits pas extrêmement prudents, je manque de tomber, me rattrapant de justesse à un poteau. Jo n'est d'ailleurs pas un plus grand équilibriste que moi.

-Eh merde !

A peine le temps de vociférer un juron qu'il est là, étendu sur le sol, à plat ventre. Il se relève avec difficulté manquant de glisser une deuxième fois. Sa doudoune est parsemée de neige par endroit. Il se secoue regardant à droite et à gauche, honteux, pour vérifier que seule moi ne l'ai vu chuter de la sorte.

Et puis un jour, tu t'envolas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant