~Chapitre 2~

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Les cloches résonnent dans le Neuf, et annoncent le début de la moisson. Il est huit heures. Je descends de mon lit, tremblant. C'est l'heure de me préparer. Je mets ma plus belle tenue, à savoir une chemise blanche et un pantalon gris qui commence à être un peu petit pour moi. Mais tant pis, je n'ai pas vraiment le choix. Il est interdit de se rendre à la Moisson dans une tenue de travail, sinon, et bien, on gagne le droit d'aller au poteau de flagellation. 

Ma mère et mon père m'attendent dans la cuisine, ils ne le montrent pas, mais je sais qu'ils ne veulent pas revivre le moment de la séparation avec leur premier fils adoptif, Philip. Il est mort l'année de ma naissance, aux 57èmes Hunger Games, dans le bain de sang. Je ne l'ai jamais connu. C'est quelques jours plus tard que mes parents adoptifs m'ont pris en charge. Ils ne veulent pas revivre le calvaire de la séparation, et encore moins celui de la mort de leur fils. Leur second fils. Mes parents approchent de la cinquantaine maintenant, jamais ils ne réadopteront un enfant à cet âge. Ils se sont à peine remis de la mort de Philip, mais je ne sais pas s'ils se remettraient de la mort de leur deuxième enfant. De ma chambre en haut de la maison, parfois, j'entends mes parents pleurer en bas en repensant à Philip.

Mes parents me font un câlin avant de m'accompagner vers la Place des Vainqueurs -qui tient son nom des statues de tous nos vainqueurs- où aura lieu le tirage au sort, elle est déjà bondée de monde.

_Courage mon coeur, me glissent mes parents dans un dernier câlin.

Ils me lâchent et vont vers l'espace destiné au public, moi, je dois faire la queue, pour que les Pacificateurs prélèvent mon sang grâce à une petite aiguille. 

_Oh, Eleftherios, c'est toi ? demande une voix dans mon dos. 

Je me retourne, pour découvrir Madame Windsay, ma prof de biologie. Je l'adore. Je suis son élève préféré, sûrement parce que je suis le seul à m'intéresser à sa matière. Des cours de biologie, normalement, c'est payant, et jamais mes parents n'auraient eu les moyens de me les financer si Madame Windsay n'avait pas remarqué mon "potentiel et mon intelligence remarquable", comme elle se tue à me le dire. Elle s'est arrangée pour que l'école me les paye, et en échange, je dois rester au dessus de quinze de moyenne. Je ne suis jamais descendu en-dessous, mais les rares fois où je me plante, Windsay trouve toujours des points là où il n'y en a pas. 

Madame Windsay est une étudiante du Capitole, loin d'être une bling-bling comme tous les Capitoliens qu'on voit à la télé. J'ai presque envie de dire qu'elle est un modèle pour moi. C'est un peu grâce à elle que j'ai une potentielle chance de pouvoir travailler à la Centrale plus tard. Windsay est originaire d'une famille plutôt pauvre du Capitole (j'ignorais que ça existait avant qu'elle ne me le dise), et s'est battue pour obtenir sa place à l'université, et avec un bon bol de chance et de sacrifices, elle est devenue une biologiste importante. Elle enseigne dans mon école histoire de gagner de l'argent pour vivre, mais surtout parce que la plupart de ses élèves sont des enfants de l'élite du Neuf, qui pour la plupart veulent devenir médecins, ou travailler à la Centrale, et qui ont les moyens pour ça. Moi je suis le seul gueux, dans le cours de biologie, mais j'ai appris à m'en foutre.

_Madame Windsay, qu'est-ce que vous faites là ? je m'étonne. 

_Quelle question, je viens voir la Moisson, soupire-t-elle. Bonne chance Eleftherios, tu vas gérer. 

Je souris, Windsay est l'une des rares personnes capables de me redonner le sourire dans les pires moments. 

_J'espère ne pas être moissonné, je soupire. 

_Mais non ! Aucune chance ! C'est ta quatrième Moisson, les trois premières se sont bien passées, et jamais trois sans quatre, hein ? 

_Vous avez raison, je souris. 

Les 72èmes Hunger Games d'EleftheriosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant