Mister control freak et la furie d'Inverness

Chapitre 1 : Aussi intelligent qu'une b*** de brebis.

Bonnie.

— Bonnie, dépêche-toi ! La réunion a commencé il y a cinq minutes ! me chuchote Malika en levant les yeux au ciel.

— J'arrive, j'arrive ! soufflais-je en lui faisant signe d'avancer. Part devant, je te rattrape !

Malika lève les yeux au ciel tout en se précipitant devant mon bureau. J'entends la pointe de ses talons frapper le sol en rythme, comme à chaque fois qu'elle s'agace. En même temps, l'enjeu de cette réunion est de taille, et je dois dire que je partage son impatience. Monsieur Saint-Paul va enfin nous présenter notre nouveau responsable de secteur !

« Pas vraiment le genre de réunion où il fait bon de se pointer en retard », pensais-je en me déconnectant de ma session.

— Pour que tu arrives encore en retard et que tu te fasses remarquer dès le premier jour du nouveau boss ? Très peu pour moi ! Ce n'est pas lui qui va supporter ta mauvaise humeur une fois que tu seras catalogué comme la chieuse du service ! me rétorque mon amie tout en refermant l'écran de mon laptop.

Je lève les yeux au ciel. Mon amie en fait trop, comme à son habitude. Un nouveau chef, ce n'est finalement rien d'autre qu'un tyran que nous ne détestons pas encore.

Je quitte enfin mon bureau, me dirigeant vers la salle de réunion d'un pas pressé. Mes talons claquent sur le parquet fraichement ciré, annonçant mon arrivée avec plus de style que le génie de la lampe et ses trompettes enchantées.

J'arrive devant les immenses portes qui bordent la pièce et les ouvrent d'un geste souple. Je ne suis en retard que de quelques minutes, inutile de faire semblant de jouer la discrétion. Malika et moi nous asseyons à quelques mètres de la petite scène qui jouxte le tableau numérique. Monsieur Saint-Paul est debout derrière son pupitre, le dos parfaitement droit et le regard fixe.

L'homme desserre rapidement sa cravate, respirant une dernière fois avant de commencer son discours. Ce poste de chef n'est pas vacant pour rien, et ça, chacune des personnes présentes ici en a parfaitement conscience.

Notre directeur demande le silence d'un geste de la main et l'assemblée se tait. C'est un homme svelte au visage avenant, l'une de ses personnes que l'on écoute sans faillir, simplement parce que la force de son charisme ne nous laisse aucun autre choix. C'est un personnage doux, respectueux, et cela malgré tous les privilèges que son statut pourrait lui procurer.

— Chers collègues, chers collaborateurs et collaboratrices, si je me tiens devant vous aujourd'hui, c'est pour vous présenter le nouveau responsable du secteur financier : Monsieur Malo Kernoan.

Un homme que je ne connais pas se détache du rideau qui entoure la scène. L'individu nous salue d'un signe de la main. À peu de chose près, l'on pourrait croire qu'il se prend pour la reine d'Angleterre. Je l'observe sans vergogne, comme tous mes autres collègues d'ailleurs.

Je fronce les sourcils. En plus d'être notre nouveau tyran en chef, je dois avouer que cet homme est relativement agréable à regarder. Grand et bien fait de sa personne, sa mâchoire carrée parfaitement dessinée lui donne un petit air sérieux que je trouve tout à fait...intéressant.

Monsieur Saint-Paul toussote légèrement, reprenant la main sur l'échange.

— Je suis conscient que l'arrivée de ce nouveau responsable n'est pas une information anodine pour vous. Monsieur Sventof, qui occupait cette charge il y a encore quelques semaines, a profité de sa position pour mettre sous pression nombre d'entre vous de manière inexcusable et parfaitement déplacée.