Chapitre 6 : Encéphale et ascenseur.

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Bonnie.


J'entre dans l'ascenseur avec difficulté. Ce satané projet de rachat demande une tonne de paperasse, et je peine à tous les contenir pour pouvoir enfin avancer sur mon travail. Cette journée va finir par me rendre dingue, ou chèvre, suivant la suite des évènements. Tout avance comme je l'avais prévu, mais j'ai parfois l'impression que les tâches s'accumulent plus vite que je ne peux les résoudre. Un stress supplémentaire qui s'ajoute à la gestion quotient de mon bawbag de boss

Je m'affale contre les parois de l'ascenseur. Scrutant mon reflet dans l'imposante glace qui me fait face. Alors que les portes commencent à se fermer, je vois Malo qui court vers l'élévateur, me faisant signe de retenir la fermeture pour lui.

Je soupire discrètement. « Je n'ai aucune envie de me retrouve seule avec ce démon ». J'appuie discrètement sur le bouton accélérant la fermeture des portes, priant toutes les déesses du monde pour ne pas me retrouver seule avec cette créature démoniaque dans un espace clos.

Pour mon plus grand malheur, mon supérieur se montre plus rapide que mes prières. Il bloque les portes avant qu'elles ne se ferment, pénétrant dans l'habitacle en me regardant avec agacement.

— Vous étiez en train de retenir les portes. N'est-ce pas Bonnie ?

— Bien évidemment, Malo. Pourquoi me posez-vous cette question ? répondis-je d'un air innocent.

Mon supérieur plisse les yeux, mais ne creuse pas plus loin. Je profite du calme de l'instant tandis qu'il appuie sur le bouton de l'étage désiré. Une douce musique inonde l'habitable tandis que nous montons. Malo est étrangement silencieux, un miracle comparé à son attitude habituelle. Alors que je savoure ce moment de paix, l'ascenseur s'arrête brusquement, me projetant contre le torse de Malo avec une force que je ne peux anticiper.

Je m'effondre lamentablement contre mon supérieur, lâchant par la même occasion la multitude de dossiers que je comptais déposer au service communication. Malo me rattrape, m'accordant la grâce de ne pas m'étaler à ses pieds comme un vieux pancake putride.

Je me redresse prestement, les joues rouges et le souffle court. Ce que je devinais depuis un moment à travers l'étoffe de sa chemise se confirme. Cet homme est particulièrement bien battit.

— Merci, bafouillais-je en me redressant. Je suis désolée...je n'ai pas réussi à me rattraper, dis-je en me penchant pour récupérer mes dossiers.

— Ne vous excusez pas, vous ne pouviez pas prévoir que cet ascenseur souffrirait d'un tel dysfonctionnement. Je vais en parler au service de maintenance dès que nous serons sortis.

« Pour un peu je le croirais presque aimable », pensais-je en arquant un sourcil.

Je me stabilise prestement tout en prenant appui sur son torse pour ne pas chuter à nouveau. Ma main effleure le tissu de sa chemise, et je tressaille sous la douceur du tissu.

« C'est du lin ? » me demandais-je en levant rapidement les yeux vers le propriétaire de ladite chemise. Ce dernier me regarde sans comprendre. Je me fige et m'écarte vivement.

« Mais qu'est-ce qui te prends de peloter ton supérieur ? » hurlais-je intérieurement.

Je fixe mon regard sur les dossiers que je dois ramasser, cherchant le moindre prétexte pour éviter le regard de Malo. Le conseil de Gal me revient soudain en mémoire.

« Vous devriez coucher ensemble... »

Une fine goutte de sueur se met à perler le long de ma colonne vertébrale. Je compte mes dossiers un à un, me concentrant sur leurs nombres et leurs couleurs. Malo n'est pas debout devant moi, je n'ai pas pris appui sur son magnifique torse musclé, tout va bien...


Malo.


Je regarde cette magnifique jeune femme occupée à mes pieds, rattrapant ses dossiers à la hâte. Bonnie n'en a certainement pas conscience, mais son attitude se rapproche dangereusement de ce que j'exige de mes soumises.

« Cette position conviendrait bien mieux à une autre activité, mais bon...», pensais-je en me mordant les lèvres.

Je me gifle mentalement, honteux d'avoir eu de telles pensées à l'égard d'une de mes collègues. « Calme-toi Malo, ou tu vas vraiment finir par faire une belle connerie ». J'observe autour de moi, impatient à l'idée de m'extraire de ce cercueil d'acier. Une sortie de m'offrirait le parfait prétexte pour m'éloigner de cette tentatrice et de ces positions aguicheuses !

Les secondes passent, puis les minutes. Et, pour mon malheur, l'ascenseur ne bouge toujours pas. Je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine lorsque mon encéphale comprend enfin que nous sommes probablement coincés.

— Je vais vous aider, marmonnais-je alors que je me penche pour l'aider à ramasser ses quelques papiers restants.

J'attrape une dizaine de feuilles et les lui tends. Ma main frôle la sienne et nos regards s'accrochent, comme deux aimants qui se rencontrent enfin. Je lui plais, son regard est tout aussi éloquent que le mien. Cette vérité me frappe avec une force que je ne soupçonnais pas.

Le feu lui monte aux joues pendant quelques secondes, et redescend tout aussi vite. Je dois reconnaitre qu'elle parvint à cacher son trouble de façon bien plus efficace que moi. Elle a apprécié ce qu'elle a senti contre moi tout à l'heure, j'en suis sûr. Toutefois, connaissant son caractère, elle est certainement bien trop fière pour en montrer quoique ce soit.

Je souris intérieurement.

« Je ne suis peut-être pas le seul à péter un câble dès qu'elle se penche en avant... », pensais-je en me mordant les lèvres pour ne pas sourire.

Les quelques neurones encore vaillants qui peuplent mon cerveau se réveillent enfin. Luttant vaillamment contre mes élans de libido mal placés.

« Elle n'est pas trop fière, imbécile ! Elle sait simplement ce qui est adapté dans un cadre professionnel, et ce qui ne l'est pas ! » me crie ma raison en me secouant comme un prunier.

Mon sourire s'efface et je reprends l'assemblage des dossiers avec diligence. « Comment fait-elle pour cacher son trouble avec tant d'efficacité ? Je dois passer pour un jeune premier maladroit à côté...et merde, je viens certainement de lui donner une nouvelle raison de se foutre de moi », pestais-je en évitant son regard.



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Mister control freak et la furie d'InvernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant