II - L'Étranger

72 16 21
                                    


Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

-     Nicole !

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

- Nicole !

- Oui, monsieur ?

- Du café.

- Oui, monsieur.

Maudits industriels, toujours à vouloir plus d'argent, plus de terrain, plus de profit ! se plaignit-il tout bas. Il était maire depuis douze ans et jamais il ne pourrait, ne serait-ce qu'envisager, céder son village à des inconnus aux poches bien remplies. Pour l'amour de l'argent et de la société de consommation, on lui demandait d'offrir ces plus belles terres afin d'aménager de monstrueux bâtiments de plusieurs mètres de haut. Le matin en prenant son café sur la terrasse, il n'observerait plus le désordre harmonieux des pins formant cette verdoyante forêt qui faisait la fierté d'Archelène, ni n'apercevrait ses habitants sauvages courant dans les vergers, non, désormais il ne verrait qu'une sorte de forme grisâtre et symétrique grouillant d'étrangers. Le village se réveillerait aux bruits des machines et non plus aux chants des oiseaux ; le ciel se teinterait d'un bleu fade, étouffé par la fumée des usines salissant la blancheur des nuages ; le sol, jonché de déchets, serait souillé par des inconnus insoucieux. Il voyait déjà les chemins pavés recouverts d'une couche épaisse de noirceur huileuse et les rues encombrées de véhicules. Peu lui importait le bénéfice et la pseudoévolution, il faisait bon vivre dans ce patelin et il ne laisserait rien entacher son charme et sa convivialité. L'Évolution. Voilà un bien grand mot pour désigner un projet trop vague. Ils n'avaient pas besoin de cela, ils vivaient très bien en retrait du monde industriel. Derrière ce terme utilisé par des hommes cherchant à corrompre ses principes, Georges ne voyait qu'un piège rusé. Il avait bien conscience que signer ce pacte avec le diable signifiait damner l'âme du village. Non, personne ne pouvait le convaincre de marquer son nom au bas de cette maudite page. Il ne vendrait pas ses terres. Comme disait son père, maire avant lui : « Archelène restera Archelène ».

- NICOLE ! Mon café !

- Oui monsieur, il arrive monsieur.

La secrétaire habituée aux sautes d'humeur de son patron entra dans la pièce avec le plus grand calme. Elle posa la tasse brûlante sur le bureau sans lui accorder un regard. À peine sortie, elle l'interpella de l'autre côté de la porte :

Les Mécanismes du cœur - L'ÉtrangèreWhere stories live. Discover now