IV - Angoisse

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Adrien et Marinette terminèrent leur épluchage, mirent le ragoût à mijoter et réchauffèrent un autre plat que la jeune femme avait préparé plus tôt. Ce n'est qu'après avoir mangé et rangé la cuisine qu'ils allèrent au salon. Adrien avait récupéré les boucles d'oreilles et les posa devant Marinette, sur la table basse.

— Je fais venir Plagg ? demanda-t-il.

Les yeux dans le vague, elle hocha la tête. Adrien appela son kwami, qui se fit prier et ne sortit qu'avec réticence de son panier. Il plana silencieusement à proximité de l'épaule d'Adrien, visiblement peu enclin à se rapprocher de la gardienne.

Celle-ci se décida d'un coup. Elle passa les boucles à ses oreilles et Tikki apparut devant eux.

— Je suis désolée, Marinette, furent les premiers mots de la déité de la Création.

— Je veux savoir pourquoi, fut la réponse de la jeune femme, dont le visage laissait transparaître la colère froide qui l'animait.

Tikki se tourna vers Adrien et Plagg, avant de répondre :

— Tu as toutes les qualités pour être une excellente Ladybug et une gardienne formidable, commença-t-elle. Le sens des responsabilités, la vivacité d'esprit, la créativité, le courage, l'empathie, la force intérieure. Mais tu as un point faible : ton incapacité à gérer tes émotions. Tu as su, la plupart du temps, les mettre de côté pendant les combats. Si tu avais su que Chat Noir était Adrien, cela aurait pu te faire perdre tes moyens à des moments critiques. Je ne pouvais pas prendre ce risque.

Adrien vit le visage de Marinette se décomposer. Il se souvint de ce que sa compagne lui avait confié la veille : comment la jalousie lui avait fait commettre une erreur qui avait coûté la mémoire de Maître Fu. Elle ne pouvait pas réfuter l'accusation. Le cœur du jeune homme se tordit de compassion pour sa partenaire. Marinette devait se sentir affreusement coupable. Il eut envie d'intervenir, de prendre sa défense, mais il se retint. C'était un dialogue entre une porteuse et son kwami. Il n'avait pas le droit d'intervenir dans leur relation sans y être invité.

Il fallut plusieurs secondes pour que Marinette soit capable de répondre d'une voix étranglée :

— Je comprends. Ton rôle est de guider Ladybug pour qu'elle fasse son devoir, pas de veiller à son bonheur ou de l'assister dans ses affaires de cœur. J'aurais dû le savoir et ne pas me méprendre sur nos relations. Je te remercie de m'avoir guidée avec autant de rigueur. Tu as joué ton rôle avec un zèle qui t'honore. Peut-être qu'un jour, j'arriverai à t'en être reconnaissante. Aujourd'hui, j'en suis incapable, ce qui, je suppose, justifie totalement le choix que tu as fait.

— Marinette, ne crois pas que tes difficultés me laissaient indifférente. J'ai toujours été sincèrement navrée de te voir dans la peine. Je comprends que tu m'en veuilles. Je te demande pardon.

— Je ne peux pas te pardonner, répliqua sa porteuse d'une voix dure. Pas après ce que tu m'as fait. Tu me connais assez bien pour le savoir.

— Oui, Marinette, et je l'accepte, dit la kwami d'une voix résignée.

— Adieu, Tikki. Je suivrai tes conseils et je choisirai une prochaine Ladybug moins émotive que moi.

— Je t'aime, Marinette. Je te souhaite d'être heureuse.

— Je t'ai aimée aussi, concéda la gardienne avant de retirer ses boucles.

Elle posa le Miraculous sur la table et resta immobile, comme si le dialogue l'avait vidée de toute son énergie.

Pour le meilleur et pour le pireTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon