V - Stress

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Marinette se rendait chez sa thérapeute deux fois par semaine. Elles travaillaient sur les crises d'angoisse de la jeune fille. Celle-ci apprenait à passer au crible ses idées de catastrophe : quelles étaient leur probabilité de se réaliser, comment rattraper le coup si cela arrivait, car Marinette était toujours rassurée quand elle se concentrait sur les solutions. Elle devait aussi se forcer à imaginer des débouchés plus heureux. Elle pouvait ainsi casser la spirale négative qui la poussait à prendre des décisions désespérées et inadéquates.

Elle parlait régulièrement de ses séances à Adrien, qui était revenu de son scepticisme initial en constatant le soulagement que cela entraînait chez sa compagne. Marinette faisait encore des cauchemars, mais gérait de mieux en mieux la chape d'angoisse qui l'étreignait encore trop souvent.

— Dis, Princesse, y'a un truc que j'ai du mal à comprendre, fit-il remarquer un jour.

— Quoi donc ?

— Tu m'as dit que tu paniquais à l'idée de me faire savoir tes sentiments. Comment as-tu trouvé le courage de me sauter dessus dans ma cuisine ?

— Ah, ça ! D'après Phénicia...

Elle vit la tête que faisait Adrien et précisa :

— Désolée. Je ne peux pas parler de Ladybug avec Phénicia, mais je peux parler de notre relation. Il se trouve que ma manière de me comporter avec toi est très significative de mes problèmes.

— Vraiment ?

— Oui, car je m'investis beaucoup émotionnellement quand tu es concerné.

— Désolé.

— Cela veut dire que je t'aime, matou de mon cœur, tu ne vas quand même pas t'excuser pour ça !

— Cela t'a fait souffrir. C'est en grande partie pour ça que tu dois voir Phénicia aujourd'hui.

— Je travaille avec elle sur des problèmes dont tu n'es pas la cause. Si je lui parle de nous, c'est parce que la façon dont je me comporte avec toi est symptomatique de ma manière de fonctionner. Et n'oublie pas que, moi aussi, je t'ai fait du mal. Regrettes-tu pour autant d'être tombé amoureux de Ladybug ?

— Non, évidemment.

— Voilà, tu as compris. Pour en revenir à l'épisode de la cuisine, ce qui m'angoisse le plus, c'est de perdre le contrôle. Je n'avais pas le contrôle sur mes sentiments. Je sentais que les tiens ne correspondaient pas aux miens et je n'avais aucune solution pour améliorer la situation. Donc, panique totale à chaque fois que je voulais te plaire.

— Mais tu n'étais pas toujours en panique, se souvint-il. On a passé de bons moments ensemble, même au collège.

— C'est vrai. Quand tu avais un problème ou que j'avais une question à régler, j'avais de nouveau l'impression de pouvoir contrôler la situation. Tant que je pouvais proposer des solutions ou les mettre en œuvre, cela allait.

— Ok, je vois. C'est pour ça que j'avais l'impression que tu étais notre Ladybug du quotidien.

— Euh... oui, peut-être. Enfin bref, pour le désir, c'était différent. Tu étais clairement intéressé, je savais que c'était possible si je m'en donnais les moyens.

— Si tu as mis ne serait-ce que la moitié de tes compétences de Ladybug pour me mettre la main dessus, je n'avais pas une chance d'échapper à tes machinations, sourit Adrien. Tout a dû être soigneusement planifié !

Pour le meilleur et pour le pireWhere stories live. Discover now