IX - Libération

191 18 6
                                    


La thérapie avait permis à Adrien de se projeter dans le futur et de s'interroger sur la suite de ses études. Il savait qu'il n'avait pas à s'en faire pour sa subsistance. Bien géré, son capital de départ lui permettrait de vivre décemment sans travailler. Mais Adrien tenait à gagner son propre argent : celui qu'il aurait légitimité à dépenser.

Il voulait se rendre utile aussi. Il s'était donc demandé si son choix de carrière lui donnerait satisfaction sur ce point. Qu'allait-il faire, au final ? Concevoir des ponts ? Faire des calculs dans un bureau d'études ? Améliorer des moteurs ? Inventer l'ordinateur de demain ? Est-ce que cela allait aider ses concitoyens ?

Travailler en relation directe avec les personnes lui paraissait plus tangible. Son expérience de Chat Noir lui avait fait apprécier le regard soulagé de ceux que Ladybug et lui avaient sauvés de l'emprise mentale du Papillon. Sans doute, son psychologue ressentait la même chose quand ses patients repartaient plus légers, après une séance réparatrice. Mais était-il fait pour ce genre de fonction ? Pourrait-il supporter la douleur des autres quand elle ferait écho à la sienne ?

Adrien décida finalement de poursuivre les études qu'il avait commencées, sans pour autant se fermer à la possibilité de changer de voie si ses envies le menaient dans une autre direction. Il prit rendez-vous avec le directeur de son école pour être inscrit comme redoublant pour la rentrée suivante.

L'entretien fut pesant pour Adrien. Pour que sa demande soit prise en compte, il avait dû, non seulement mettre en avant ses excellents résultats du premier trimestre, mais aussi s'engager à produire un certificat médical justifiant l'interruption de ses études.

— Il faut vraiment que tout le monde sache ce qui m'est arrivé ? grommela-t-il quand il raconta la scène à Marinette. Je n'ai pas envie d'avoir le certificat d'un psy dans mon dossier.

— Demande à ton généraliste de te faire le papier, conseilla sa compagne. Comme ça, le secret médical sera préservé.

Après quelques échanges de courrier, Adrien eut l'assurance qu'il pourrait poursuivre ses études en septembre.

— Il est temps de penser aux vacances, décréta alors Marinette, qui était entre deux examens validant sa licence professionnelle. Cette année, c'est toi qui mérites d'être récompensé pour les efforts que tu as dû fournir. Je te laisse choisir la destination et t'en occuper.

Après avoir discuté avec Nino, Adrien jeta son dévolu sur le Maroc. Son meilleur ami devait y aller avec Alya, et en profiter pour la présenter à ses grands-parents. Adrien et Marinette, après un circuit touristique, pourraient les rejoindre quelques jours. La jeune styliste valida le programme, enchantée à l'idée de visiter ce pays et de passer du temps avec ses amis.

oOo

La rentrée leur donna toute satisfaction. Adrien était heureux d'avoir repris ses études. Ses nouveaux camarades avaient rapidement surmonté leur émoi d'être dans la même promotion d'un célèbre mannequin à la retraite et le jeune homme s'était rapidement intégré dans le groupe.

Son traitement était désormais stabilisé. Il avait retrouvé toute son énergie et sa joie de vivre. Marinette se réjouissait de le voir de nouveau profiter de la vie sans arrière-pensées. Il voyait toujours son psychologue, mais, comme Marinette, il avait espacé ses visites.

Un soir, Marinette trouva Adrien en train d'écrire sur un bloc de feuilles. Des papiers froissés étaient disposés sur le sol tout autour de lui. Cela l'intrigua, car il tapait normalement ses devoirs sur ordinateur.

— Tu dessines des plans ? interrogea-t-elle.

— J'écris à mon père, répondit-il avec un sourire d'autodérision.

Pour le meilleur et pour le pireWhere stories live. Discover now