IX

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La première chose que je remarquai en me réveillant fut la douleur. Elle se propageait dans tous mes membres, me faisant grimacer. Alors que j'ouvris les yeux, j'aperçu Will à mon chevet, me regardant inquiet. J'essayai de me remémorer les évènements plus tôt dans la journée, ou de hier, je n'en sais rien. Mais qu'est-ce qui m'a pris, bon sang ?! Pourquoi je l'ai laissé faire, pourquoi l'avoir poussé à continuer, pourquoi ça ne m'a pas dérangé ? J'en payais maintenant le prix ; ma tête me faisait horriblement mal et je me forçais à bouger le moins possible pour minimiser la douleur.

- Je suis désolé pour tout, je suis allé trop loin, Murmura Will.

- Sans blague, Raillai-je d'un rire sans joie avant de grimacer de douleur.

- Je t'ai apporté de la glace et du dafalgan.

Je fronçai les sourcils, tout mon corps se tendit mais je répondis finalement.

- Je veux bien la glace, s'il te plait.

Il me la tendit, enroulée dans un essuie. Je la prit sans un mot puis eus un moment d'hésitation. Chaque partie de mon corps me faisait souffrir. Je décidai finalement de l'appliquer derrière mon crâne.

- C'est du dafalgan par voie orale et une bouteille d'eau du magasin encore fermée, tu es sûr que tu n'en veux pas ? Demanda-t-il.

Je souris légèrement. Il avait compris. Il savait que je ne boirais pas un verre d'eau qu'il me donnerait sans avoir vu ce qu'il a réellement mis dedans. Je hochai alors la tête et pris le médicament avant de fermer les yeux, attendant qu'il agisse.

- Pourquoi tu m'as dit que tu te sentais enfin vivant après que je t'ai-

Il ne finit pas sa phrase, soupirant. Il parlait avec une voix étrangement basse et hésitante. Je pris un moment avant de comprendre à quoi il faisait référence avant de me rappeler avoir prononcé ces mots. À vrai dire, moi-même je n'en savais rien. Je fouillai ma mémoire afin de trouver une réponse cohérente à donner puis commençai à parler d'une voix lente.

- Je pense... Après la mort de ma mère, puis celle de Bianca, j'avais cette impression de devoir suivre, de devoir partir avec elles. Comme si ma place n'était plus ici. J'ai essayé de me tuer il y a trois ans.

Will releva un regard peiné vers moi mais ne dit rien, me laissant continuer. Je voyais qu'il faisait un effort pour ne pas m'approcher ou me prendre dans ses bras. Je pris un moment de silence avant de reprendre la parole.

- J'ai échoué, comme tu peux le voir mais physiquement seulement. Depuis 3 ans... C'est comme si je ne vivais plus, que j'étais mort de l'intérieur, comme si je ne ressentais plus rien. Mais hier... J'ai enfin ressenti quelque chose, de la douleur, mais je ressentais. Ça devait sans doute être pour ça. Mais ça ne veut pas dire que j'accepte que tu me frappes ni que j'apprécie.

- Bien entendu, Dit-il de sa voix aussi basse qu'un murmure. 

Il semblait réfléchir, son regard troublé fixant obstinément le sol. Au bout d'un moment, il me regarda finalement dans les yeux. Ce que j'y aperçus me brisa le cœur bien que je ne sache pas encore ce qui le blessait autant.

- Alors... Ça veut dire, Commença-t-il doucement. Tout ce qu'on a vécu, avant, tous les deux, au restaurant, à- Il s'interrompit, la voix tremblante, à l'image de tout son corps. Tous ces moments, tu ne ressentais rien ?

J'écarquillai les yeux.

- Si, bien sûr que si, je ressentais quelque chose ! M'écriai-je précipitamment. Je voulais dire...

Je m'arrêtai quelques minutes, reprenant mes esprits. Qu'est-ce que je voulais dire ? Rien n'était clair dans ma tête, tout n'était que confusion. Voir ce regard posé sur moi, attendant une réponse, me fit mal alors je repris, pesant chacun de mes mots mais voulant être le plus honnête possible.

Attachement (Solangelo)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu