A l'extérieur des murs [Livaï x OC] [Reiner x OC]

45 ~ Le discours de Willy Teyber

Je me redresse en sursaut et parviens in extremis à retenir un cri de détresse. Mon cœur bat la chamade et la sueur fait coller mes cheveux à mon front. Ma respiration est saccadée, et je dois porter une main à mon cœur pour tenter de me calmer. Etouffant sous cette lourde couette, je l'enlève rageusement et me lève de mon lit. Jamais un mauvais rêver ne m'a collé de telles sueurs froides.

Je pousse un long soupir et traine les pieds jusqu'à la petite cuisine attenante à la chambre. Ce cauchemar m'a retourné l'estomac dans tous les sens tant il était saisissant. J'avais l'impression de clairement ressentir la douleur des secousses électriques parcourant mon pauvre corps meurtri, et un nouveau frisson parcourt mon échine en me remémorant cette atroce souffrance.

Je remplis la bouilloire d'eau et la mets sur le feu pour la faire chauffer. Je pense qu'un bon thé bien chaud me fera du bien et m'aidera à chasser ces sombres idées de mon esprit. Je m'accoude au plan de travail, attendant que l'eau chauffe, et observe la pluie qui s'écrase sinistrement sur la fenêtre de ma chambre. Il fait vraiment un temps de merde, ça doit bien faire une semaine qu'il pleut sans interruption.

Fort heureusement, l'orage qui sévissait plus tôt dans la nuit semble s'être apaisé, et seul le bruit de la pluie tambourinant aux fenêtres persiste à présent. Je n'aime pas les orages, les éclairs et les coups de tonnerre réveillent en moi une dérangeante sensation ainsi que des souvenirs qui ne semble pas m'appartenir. La chair de poule parcourt chaque parcelle de ma peau, trahissant mon angoisse. Moi qui avais si chaud il y a quelques minutes, je suis maintenant frigorifiée, si bien que je suis obligée d'aller me chercher un couverture et de m'enrouler dedans pour ne pas faire une hypothermie.

Je sursaute lorsque la bouilloire siffle, m'indiquant que l'eau est chaude. Je verse le contenu dans une tasse dans laquelle j'ai préalablement disposé quelques feuilles de thé noir. Lorsque ma boisson est prête, je prends la tasse en main et retourne dans ma chambre pour m'asseoir face à la fenêtre. Je pose mes deux mains frigorifiées sur la tasse brûlante et frissonne de bien-être lorsque la chaleur de la boisson se répand peu à peu dans mon corps.

Je siphonne mon thé en silence, assise face à la fenêtre, fascinée par les sillons sinueux que dessinent les gouttes de pluie en dévalant le long de la vitre. J'ai toujours trouvé le bruit de la pluie calme et reposant, et les sombres souvenirs de mon cauchemar sont rapidement bien loin derrière moi. J'esquisse un faible sourire en dégustant mon thé et ferme les yeux pour me laisser bercer par la douce mélodie de la pluie.

Je sursaute lorsque j'entends le lit grincer dans mon dos, signe qu'il est en train de se réveiller. Je l'entends bailler et pousser un faible grognement en étirant ses muscles endormis. Je me tourne de trois quarts et esquisse un maigre sourire en détaillant chaque parcelle de peau son torse musclé. Ses sourcils se froncent lorsque ses petits yeux endormis se posent sur moi.

– Rose ? murmure-t-il d'une voix endormie. Qu'est-ce que tu fais ?

Sa voix rendue rauque par le sommeil me provoque quelques frissons.

– J'ai simplement fait un cauchemar, expliqué-je.

Il hoche la tête et les traits de son visage anguleux se détendent.

– Tu viens te recoucher ?

Sa question sonne presque comme une supplique et m'arrache un nouveau sourire. Je pousse un long soupir avant de boire les dernières gorgées de mon thé, devenu froid à présent.

– J'arrive tout de suite, Reiner.

Je range rapidement la vaisselle que j'ai utilisée et retourne me coucher dans les bras chauds et réconfortants de Reiner. Malgré sa présence rassurante, je n'ose pas fermer l'œil, bien trop effrayée à l'idée que mes démons nocturnes surgissent à nouveau. Finalement, après une éternité à lutter contre le sommeil, je parviens à me rendormir et, fort heureusement, aucun autre mauvais rêve ne vient gâcher ma nuit.