Chapitre 10

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Jane s'enfonçait dans le trafic de Londres avec un long soupir de soulagement et songea aux conséquences qui allaient sans doute accompagner cette décision. Seulement elle s'en fichait. Du moins pour l'instant. Jane finissait par ne plus comprendre le cheikh et ses changements de comportement qui l'empêchaient presque de respirer. Hier soir, il s'était montré moins sévère que d'ordinaire, lui ordonnant même de dormir au manoir sous prétexte que sa sécurité lui importait. Elle s'était même réveillée avec l'odeur de cèdre sur les draps frais et avait rougi aussitôt en constatant que quelqu'un l'avait glissé sous les draps. Elle l'avait immédiatement soupçonné d'en être l'auteur car ce n'était certainement pas Sarah Lancaster qui se serait donné la peine de venir la border.

Quant à Jacob et Madeleine, ils n'avaient pas accès à cette aile du manoir.

Son cœur avait alors bondi d'une émotion contradictoire.

Mais une heure plus tard, l'once de bienveillance du cheikh s'était abattu comme un sabre tranchant lorsqu'elle l'avait croisé dans le hall. Il était passé devant elle, le regard noir, sans lui adresser un seul intérêt. Il l'avait totalement ignoré, d'une manière si froide qu'elle avait eu l'impression d'être glacée sur place. La lourde porte avait claqué derrière lui en la laissant totalement démunie et dans l'incompréhension.

Jane ne se voyait pas continuer ainsi plus longtemps et pourtant elle avait terriblement besoin de ce travail. Seulement son cœur en souffrait trop.

Ce secret pesait sur elle comme un lourd fardeau et pourtant elle n'en ressentait pas le poids, car chaque jour un peu plus, le cheikh lui prouvait qu'elle avait pris la bonne décision.

En cette matinée froide et enneigée, Jane décida de profiter de ce week-end bien mérité pour faire des achats pour l'arrivée du bébé.

- C'est aussi cher que ça ? Lança-t-elle au vendeur l'air incrédule.

- Malheureusement, répondit-il avec un air faussement désolé. Si vous voulez un lit pour une bouchée de pain vous feriez mieux d'aller dans les associations adéquates. Il paraît qu'ils vous payent même la désinfection du lit.

Jane étira une grimace en baissant les yeux sur le magnifique petit lit pour bébé de couleur blanc cassé.

Si elle voulait se le payer il fallait faire d'autres sacrifices car à lui seul ce lit coûtait la totalité de l'avance que lui avait donné le cheikh.

- Je le prends, murmura-t-elle déterminée à donner le meilleur confort pour son bébé.

- Je peux vous livrer le kit dans l'après-midi.

Jane avait simplement acquiescé le regard plongé dans ce lit qui dans quelques mois ne serait plus vide.

Hadjar jeta un regard sur Charik qui n'avait pas prononcé un mot durant le trajet. Pourtant il n'était pas responsable des éléments qu'il avait trouvé sur son employée.

Avant de conclure des accusations portées sur la jeune femme, Hadjar attendait d'obtenir des réponses de la part de la seule personne présente dans le dossier trouvé par Charik.

- Monsieur Al-Nashrar ?

Hadjar se retourna pour mettre un visage sur cette fameuse Christine Coner qui était la seule référence qu'avait trouvé Charik.

D'une cinquantaine d'années, les cheveux enfermés dans un chignon strict, l'avocate se mit à piler dans le couloir, abaissant la tête pour l'observer par-dessus ses lunettes.

- Je vais être directe, commença-t-elle en relevant la tête. Vous êtes l'homme le plus séduisant et le plus effrayant que j'ai jamais vu de ma vie, termina-t-elle en poursuivant son chemin dans le couloir. Suivez-moi messieurs.

La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant