Chapitre 33

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Assis à l'extérieur de ses appartements, les yeux rivés sur les portes fermées, Hadjar avait l'impression d'être inutile. Jamais il n'avait éprouvé de tels remords d'avoir cédé à la demande de la jeune femme désormais en détresse. Lorsqu'elle l'avait supplié de l'aider, il n'avait pas réfléchi et lui avait administré un calmant par voie intraveineuse. Très lentement, elle s'était endormie et désormais il attendait que le docteur Salma lui donne son verdict.

- Vous n'avez pas à vous sentir coupable, lança Charik pour combler le silence qui avait duré trop longtemps.

- Au contraire je suis coupable d'avoir cédé, dit-il d'une voix basse là où les regrets continuaient de persister. Je le savais depuis le commencement qu'il ne fallait pas lui révéler cette trahison et l'ignoble façade que cachait la femme en qui elle avait le plus confiance.

Hadjar se leva lentement pour faire les cents pas, comme un lion détenu en cage.

- Maintenant qu'elle sait la vérité vous n'avez plus ce poids sur les épaules et désormais Jane sait que vous avez fait ça pour la protéger.

- À quel prix ? Répliqua-t-il d'une voix sombre et amer. Dans les deux cas je suis piégé Charik. En lui cachant la vérité je passe pour un monstre désormais. Comment puis-je espérer obtenir sa confiance alors que la personne en qui elle avait le plus confiance voulait lui arracher son bébé. Mon bébé !

Hadjar ne s'était pas entendu rugir, tant il avait l'impression d'être emprisonné dans les ténèbres et brûlait de se défouler sur quelqu'un. N'importe qui.

- Le docteur Salman va l'aider, elle saura l'aider votre Majesté, assura son bras droit en se levant à son tour.

Malgré les affirmations rassurantes de Charik, il ne voyait pas la situation de cette façon et n'avait pas l'impression d'exagérer les craintes qu'il ressentait. Il était le seul à l'avoir vu faire cette terrible crise d'angoisses. Hadjar se maudissait d'avoir cédé car sans cet appel passé au docteur Chapman, il aurait sauvegardé ses chances de pouvait lui parler au moment voulu.

- Fais arrêter cette femme sur-le-champ, je la veux en prison dès ce soir, ordonna-t-il entre ses dents. Je n'aurais pas dû la laisser s'en tirer aussi facilement. C'était une erreur et il est temps qu'elle paye.

- Je vais faire le nécessaire.

Mais pour lui, ce n'était pas suffisant et quand les portes s'ouvrirent sur le docteur Salman, sa soif de vengeance se décupla.

- Alors ? Comment va-t-elle ?

- Son état est stabilisé, mais je crains que le choc ait été brutal, expliqua-t-elle la mine grave. Elle a pratiquement tout confié à cette femme. Ses cauchemars, le soir où ses parents ont été assassiné, absolument tout. Jane avait une confiance totale en elle.

La mine grave, proche de l'amertume, Hadjar ferma le poing.

- Comment puis-je espérer qu'elle me fasse confiance après ça.

- Elle vous a réclamé, à trois reprises, s'empressa de dire le docteur Salman avec un sourire confiant. Vous êtes le père de son enfant et son mari.

- Mais ça ne fait pas tout ! Gronda-t-il entre ses dents, essayant au mieux de contrôler sa voix. Je ne lui ai pas demandé pour ce mariage, et elle n'a pas...

Hadjar s'arrêta de justesse, portant son poing fermé à sa bouche déformé par un rictus.

- Elle vous a réclamé votre Altesse, insista-t-elle en exécutant une révérence. Ça sera éprouvant et difficile pour elle mais j'ai confiance en vous.

La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant