La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )

Chapitre 31

Jane éprouva un sentiment d'abandon lorsqu'elle se réveilla seule, le corps nu enroulé dans les draps. Était-ce une punition de la part du cheikh ? Afin qu'elle puisse ressentir ce que lui-même avait ressenti en se réveillant seul sans la suite Royale ?

Malgré ce sentiment écrasant qui lui comprimait la poitrine, une sensation absolument divine combla ce pincement.

La nuit dernière n'avait pas seulement scellé ce mariage ô combien étrange, elle lui avait permis de redécouvrir ce qu'elle avait ressenti pendant cette nuit d'été obscure. Étrangement, elle ne se sentait aucunement coupable d'avoir cédé à nouveau. Un irrémédiable sentiment gonfla son cœur et elle ne sut comment l'interpréter.

Peut-être était-ce trop tôt, songea-t-elle en se redressant.

Sa vie était chamboulée par un homme énigmatique et dangereux, mais comme l'avait précisé Saoud, elle craignait cette peur autant qu'elle l'appréciait. Le chemin semblait encore bien long, et il était trop tôt pour conclure que l'avenir s'annonçait radieux.

Malgré tout, Jane voulait savourer cet instant.

Coupé par un petit gazouillis qui l'invita à tourner la tête vers le côté vide du lit, elle y trouva son bébé, enveloppé dans les draps.

Un cadeau laissé par le cheikh, cela ne faisait aucun doute.

- Bonjour mon bébé, murmura-t-elle en la soulevant dans ses bras. Tu as faim ?

L'avenir était incertain mais une chose était sûre. L'un comme l'autre, ils voulaient à tout prix protéger leur précieux bébé.

De l'autre côté du palais, Hadjar fit courir ses doigts sur son bureau en se passant la main dans la barbe.

La nuit dernière avait ravivée cette sombre force qui lui manquait et il se rendait compte qu'il l'avait perdu dans le brouillard de ces derniers mois. Désormais libre, parce qu'il n'avait plus à chercher Jane, il retrouvait peu à peu cette férocité qui lui avait tant manqué.

- Vous semblez soucieux, lança Charik depuis la table où il organisait des réunions avec le conseil.

Les yeux tranchés par une sombre lueur il releva le regard pour le fixer froidement.

- J'ai emmené Jane rendre visite à Saoud hier soir.

Charik suspendit sa lecture pour relever les yeux dans sa direction.

- Je suppose qu'elle a été choqué par son don, dit-il l'air amusé alors que lui ne l'était pas.

- Non en réalité c'est moi qui a été choqué par ses sages prédictions.

L'indécision se peignit sur les traits de Charik qui de toute évidence ne semblait pas comprendre.

- Qu'a-t-il dit ?

- Il a dit qu'un danger s'approchait de moi et que ce danger concernait la sécurité de ma femme et de ma fille.

Hadjar s'interrompit pour se lever lentement.

- Il a dit et je cite, Parfois l'être aimé qui semble proche est celui que l'on peut déceler derrière la confiance qu'on lui a accordé.

Charik fronça des sourcils avant de prendre une expression proche de la blessure.

- Votre Altesse vous n'êtes tout de même pas en train de suggérer qu'il s'agit de moi ?

- Si malheureusement, et je regrette d'en arriver là mais tu sais comment je fonctionne. C'est bien pour ça que mes ennemis comme mes alliés me craignent à ce point, car je n'éprouve aucune empathie lorsqu'il s'agit de protéger les miens et mon pays.