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[Tu partages ?]

Alex demeure toujours là, devant moi, dans sa chambre et il m'observe m'agiter devant lui en faisant semblant de le frapper. Une lueur un peu espiègle traverse ses iris et je m'arrête aussitôt, captivée.

— Donc, tu es beau, mystérieux et tes mains sont visiblement magiques. Quoi d'autres, Alex ?

Il éclate de rire.

— Beau et mystérieux ?

— Aux mains magiques, n'oublie pas.

— Ça, tu n'en sais encore rien.

Je bloque sur le « encore » et je m'approche de lui, provocante.

— Ne me tente pas.

Mon murmure le fait reculer.

— C'est ainsi que tu me vois ?

— Entre autres, oui. C'est mieux qu'une « nana canon », non ?

— Touché !

— Pas encore, Alex.

— Tu es surprenante, Loïs, murmure-t-il en plissant les yeux.

Je me dirige vers la cuisine et m'assois sur une chaise.

— J'ai juste besoin de légèreté, je crois.

— Et visiblement, tu comptes rester encore un peu.

Je sourcille sans comprendre, puis quand il m'indique d'un geste de la main, la chaise sur laquelle je viens de m'asseoir, je me relève d'un bond. Je bafouille des excuses. Il éclate de rire et sort deux bières du réfrigérateur qu'il dépose sur la table basse du salon alors qu'il s'assoit sur le canapé.

— Belle et sauvage, prononce-t-il comme une excuse.

Je m'approche, me penche devant lui pour attraper ma bouteille et me dirige vers la fenêtre pour admirer la vue.

— Aux seins sublimes, ajoute-t-il.

Je me retourne, lui adresse un clin d'œil, plein de sous-entendus et retourne à ma contemplation. Je remarque que j'habite à deux rues de chez lui. Les bâtiments hauts se font rares au Havre, de ce fait, d'où je me trouve, on voit très bien le mien.

— Est-ce que tu sais qu'on voit mon appartement depuis chez toi ?

— Oui, avoue-t-il simplement non sans une pointe de gêne dans la voix.

Je m'assois à côté de lui et il se lève aussitôt.

— Tu me fuis ?

— Impossible.

Il ne plaisante pas un seul instant, il parait même profondément grave. Je le suis des yeux et prends le temps de regarder son corps, son dos droit et musclé. Il se penche pour choisir un disque parmi sa collection qui me rend terriblement jalouse. Je m'attarde sur ses fesses. Elles aussi peuvent rendre jaloux pas mal de monde. Il choisit son disque, je reconnais immédiatement la pochette et j'attends fébrilement les premières notes.

— Tu n'aimes pas Stereophonics ? me demande-t-il en ayant perçu un changement en moi.

— Si, j'aime beaucoup, surtout cet album.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu sembles bouleversée.

— Tu ne vas pas comprendre.

— Laisse-moi essayer, s'il te plaît.

J'hésite, mais sa voix, comme son regard, me paraît pleine de douceur et de respect.

— J'ai l'impression que tu viens de prendre cet album en otage.

Folie toujoursWhere stories live. Discover now