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[Sur les galets.]

Le lendemain, je me réveille la première et comme je le supposais, Alex s'est assoupi bien après moi. Son ordinateur est ouvert et posé à même le sol. Il a écrit. Je regarde alors cet homme endormi, celui qui m'aime et qui me fait chavirer. Il dort profondément.

J'enfile quelques vêtements que j'avais emportés avec moi, un pantalon souple et large à rayures ainsi qu'une brassière. J'ajoute ma veste pour me rendre à la boulangerie, avec la ferme intention de nous concocter un festin, composé de chouquettes, de croissants et de pain encore chaud. Dans la cuisine, le casque sur les oreilles, j'observe le petit déjeuner que je viens, non pas de préparer, mais d'assembler.

C'est étonnement facile pour moi de l'attendre ce matin. Lovée dans son fauteuil, je griffonne quelques trucs dans mon carnet. J'y trouve la place de concert d'hier, celle que j'ai rangée quand nous étions dans la voiture. Comme un besoin, je pose quelques mots dessus.

« 19,10.

Je suis tombée,

De toi...

Si soudainement.

Si joliment.

Si sauvagement.

Et je sais que,

Et je sais que...

Trois mots, sept lettres, une apostrophe, un point. »

Je sors son disque de Two Door Cinema Club et je glisse mon billet de concert fraichement annoté à l'intérieur. Je suis en train de le ranger quand j'entends Alex marcher derrière moi.

— Viens là, Amour.

Il m'entoure de ses bras et m'enlace contre son corps encore chaud. Il m'embrasse en nous allongeant sur le canapé et nous faisons l'amour tendrement et rapidement.

— Bonjour, me souffle-t-il.

— C'est déjà un bon jour, oui.

Je saute aussitôt sur mes pieds pour croquer une chouquette et faire chauffer mon lait.

— Tu t'es retenue longtemps ?

— Tu n'as pas idée.

— On va à la plage après ?

— C'est une belle idée.

— J'ai envie de faire du kitesurf, ce matin.

Je songe à tous ces moments, seule sur la plage, à contempler la mer, les passants et les kitesurfs. À leur danse envoûtante et captivante, à cet entre-deux, entre ciel et mer où ils naviguent et s'envolent.

— À quoi penses-tu ?

— Je me demandais si je t'avais déjà vu là-bas.

— Oui.

— Comment peux-tu en être aussi sûr ?

— Parce que moi je t'ai vu.

— Quoi ?

— Je ne savais pas que c'était toi, mais j'ai quelquefois aperçu une jeune femme assise seule, buvant ce que je supposais être une bière, en lisant des bouquins. Maintenant, je sais que c'était bien une bière, parfois un chocolat chaud et que ça n'était pas un livre, mais un carnet de notes.

— Souvent en fin de journée.

— Cela m'arrivait de chercher cette personne des yeux depuis ma planche.

Folie toujoursDonde viven las historias. Descúbrelo ahora