Orgueil et abandon

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Le samedi suivant.

—Alors ? roucoule Pauline dans la cuisine, alors que je mords à pleines dents dans un pancake au Nutella. Comment ça se passe, avec Alex ?

Elle est encore en peignoir, les cheveux enroulés dans une serviette, et me jette des regards remplis de curiosité.

—Tu ne m'as presque rien dit, me reproche-t-elle. Pourtant, je te gave de sucreries ; tu devrais te montrer reconnaissant.

J'attrape un autre pancake sur l'assiette.

—Qu'est-ce que tu veux savoir ? demande-je pendant que j'engloutis la friandise. Tout se passe bien avec Alex. On se voit tout à l'heure.

—Et c'est sérieux entre vous ? glousse ma meilleure amie.

J'hausse les épaules sans répondre. Cela, je n'en sais rien. Il l'a dit et répété, il ne m'a rien promis. Mais il me fait confiance, il s'est ouvert à moi comme jamais et dorénavant, je le vois différemment.

—Disons que notre relation s'est stabilisée dans le provisoire, lance-je, décidé à ne pas trop en révéler.

—Je sais que pour toi, c'est sérieux, poursuit Pauline, complètement insensible à mes états d'âme. Tu prends toujours tellement tout au sérieux.

Mi- agacé, mi- amusé, je lui tire la langue, et elle dit :

—Je te connais, tu ressens les émotions puissance mille. Mais c'est une force.

*******

Le lundi suivant

—Oui, on peut dire que tu es attendu avec impatience, confirme–t-elle en déposant une tasse de café sur ma table.

À neuf heures, je suis plongé dans une affaire de droit de la construction, à grincer des dents face à une ébauche de conclusions qui me prendront au moins une semaine. Absorbé par mon travail, j'ai à peine entendu Alex pousser la porte de notre bureau.

—Hello, je lance sur un ton enjôleur. Tu m'as manqué.

Lui et moi, on a passé le samedi et une partie du dimanche ensemble, mais il a tenu à rentrer chez lui dans le courant de l'après-midi. En tant qu'hémophile, il se fatigue un peu plus vite que la moyenne, m'a-t-il expliqué.

—Cécile te cherche. Elle veut travailler avec toi sur un référé urgent, je l'informe pendant qu'il dispose ses affaires sur sa table.

—D'accord, acquiesce-t-il.

—J'ai l'impression que Cécile recherche beaucoup ta compagnie, ces derniers temps, je grimace. Il y a une raison ?

Il hausse les sourcils et esquisse un sourire charmeur.

—Oh, jaloux ? Tu n'as rien à craindre, tu sais.

—Je ne suis pas jaloux, je rectifie sur un ton peu trop sec, en plongeant à nouveau le nez dans mon dossier. C'est juste que je ne te vois plus quand on est au Cabinet, ces derniers temps.

Alex se lève, pour se placer derrière moi et poser ses mains sur mes épaules. Lentement, sensuellement, il masse mes omoplates, jusqu'à ce que mon corps se tende. Me détournant de mon siège, je me presse contre lui.

—C'est dangereux de s'embrasser ici, non ? je gémis doucement.

Il hoche la tête en souriant.

—Peut-être, mais c'est agréable. Donc tu es jaloux de Cécile ?

Il me taquine, et je grimace.

—Cécile est .... Disons que je me méfie d'elle. J'ai toujours eu la sensation qu'elle me voulait du mal.

Un coup de pied dans la fourmilièreWhere stories live. Discover now