NICK - Et s'il ne voulait plus de moi ?

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Le vendredi matin suivant. 11h.

Je dévale les escaliers du Palais de Justice, la robe à la main, songeur. Pas au sujet de l'audience devant le juge de l'exécution, qui était sans aucune surprise, ni même du 5ème roman d'Harry Potter, que je suis en train de lire avec un an de retard sur la date de sa sortie.

Non, je songe que Pauline a raison. Je dois clore cette histoire avec Alex d'une manière ou d'une autre.

Je connais son adresse puisque j'ai trouvé son appartement. Je veux simplement une explication. Ensuite, je m'en vais et je tourne la page. Ou, mieux, je tombe dans ses bras.

« Ding »

Etienne. Quelle brillante idée, le téléphone portable ... ! Idée grâce à laquelle je peux être suivi à la trace par mon chef.

—Nick ?

—Oui, Etienne...

Il ressent la lassitude de ma voix et son impatience se calme.

—Ca va, Nick ?

Je saisis l'occasion.

—Non, pas très bien. J'ai des maux de ventre et la tête qui tourne....

—Ah. Et comment s'est passée l'audience ?

—Bien, j'enchaîne. Notre argumentaire sur la caducité de l'ordonnance d'injonction de payer tenait la route.

Il reste silencieux, mais je sens sa satisfaction. Etienne ne vit que pour son job.

—Bon. Vous avez bien travaillé, lance-t-il d'une voix sèche. Mais ne vous reposez pas sur les impressions d'audience, elles sont parfois trompeuses.

J'attends la suite, et ....

—Rentrez chez vous. Autant ne pas venir que d'enchaîner les bourdes. Hier, vous n'avez pas brillé sur vos conclusions. Heureusement que j'ai relu....

Yes ! Je me trémousse au milieu de la rue, sous l'œil amusé d'un groupe de touristes asiatiques qui s'engouffre dans le RER à St Michel. Je remercie mon patron d'une voix mourante et me dépêche de raccrocher.

Je suis libre. Programme : dénicher coûte que coûte un billet pour Strasbourg d'ici la fin de journée, repasser chez moi déposer ma robe et prendre quelques affaires, prévenir Pauline et zou... Un petit week-end alsacien m'attend.

—Tu préviens Alex ? textote Pauline lorsque je lui ai fait part de mon projet.

Un petit instant d'hésitation, puis :

—Non. Pas la peine.

L'effet de surprise peut jouer en ma faveur, non ?

Le même jour, 16h, à la Gare de l'Est.

—Il n'y a plus de places en 2ème classe, m'informe un guichetier désabusé.

Il passe sa main dans son épaisse tignasse noire et darde sur moi ses yeux sombres et mornes.

—Et la 1ère classe, c'est plus cher !

Ma parole, on dirait qu'il est content ! Qu'est-ce que ça peut bien lui faire, pourtant ?

—D'accord pour la 1ère classe, j'acquiesce en gardant mon calme.

Il pianote sur son clavier et m'annonce avec le même air :

—150 euros. Juste pour l'aller.

Je sors ma carte bancaire et règle sans grimacer, puis opère le même processus douloureux pour le retour.

Un coup de pied dans la fourmilièreWhere stories live. Discover now