Chapitre 4

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Maxon et moi sommes allongés sur le sable fin, et j'admire le coucher de soleil. J'écoute le bruit paisible de la mer et je tâche de profiter pleinement de ce moment. C'est notre dernier jour d'intimité...

- As-tu des nouvelles de Marlee? me demande Maxon.

- Elle m'a appelée hier midi. Elle angoisse beaucoup à l'idée que les médias dégradent son image. Après tout, elle a toujours été la préférée du public, je la comprends...

Maxon hoche la tête, l'air pensif, et m'interroge:

- Les médias ne le savent toujours pas?

- Non, mais elle m'a donné son accord pour que nous l'annonçions dès notre retour, en direct.

- Très bien. C'est une bonne décision. Ce serait irrespectueux de l'annonçer en leur absence, et inversement.

- Maxon?

Je me mords la lèvre, une requête dans le regard. Il dépose un tendre baiser sur mes lèvres et je le serre contre moi. Mon coeur bat la chamade, et je distingue le sien qui bat au même rythme sous l'épaisseur de sa veste.

- Tu sais, j'ai réfléchi après notre conversation sur le fait de fonder une famille...

Il embrasse la paume de ma main et, d'un geste discret, m'invite à continuer:

- ...Je ne suis pas tout à fait prête. Je préfère attendre un an ou deux.

- Je comprends ta décision. Pour être franc, un enfant est un cadeau, certes, mais surtout une responsabilité énorme. Et je voudrais profiter pleinement de notre jeunesse avant de m'impliquer dans une vie de famille.

Je suis au bord des larmes. Peut être Marlee aurait voulu, elle aussi, profiter de Carter avant d'avoir un enfant.

- America? dit Maxon, la mine inquiète.

- Je... je vais bien, simplement, il faudra aider Carter et Marlee autant que possible, car eux n'auront pas la chance de profiter l'un de l'autre avant de fonder une famille, bredouillai-je.

- Considère ça comme notre entraînement, plaisante-t'il.

Mon rire se mêle à mes larmes. Maxon me serre contre lui et je lui rends son étreinte, éxtenuée et débordée par mes émotions.

- Je vais me reposer dans notre chambre. Tu viens?

Pour toute réponse, il sourit et me porte dans ses bras comme si je n'étais qu'une plume.

- Maxooooon! Fais-moi descendre ou je...ou j'appelle maman! rigolai-je.

Il s'arrêta un instant, fit mine d'avoir peur, et me chuchota à l'oreille:

- Désolée, ma reine, mais non.

Il pose sa main sur ma nuque et dépose quelques baisers sur mon cou. Le souffle court, je fourre mes mains dans ses cheveux couleur miel. Arrivés à la chambre, il me dépose délicatement sur le lit moelleux avant de s'y étendre à son tour. Je me colle a lui et il m'enlace par la taille tout en plaquant sa bouche sur la mienne...

********-----------__________________la nuit passe___________________-----------*********

Je suis réveillée par un bruit strident et métallique. Je m'étire et, à ma grande surprise, à l'autre bout de la chambre, je vois Maxon trempé et une odeur de camomille flotte dans l'air.

- Ah, je ne voulais pas te réveiller, dit-il en se grattant la nuque, l'air embêté.

- Qu'est-ce-qui s'est passé? Un ouragan? plaisantai-je.

- Je voulais te faire plaisir et te servir du thé, mais il fallait apparemment mettre un couvercle sur la bouilloire... et ne pas mettre le sachet dedans...

Il déboutonne sa chemise, enlève son pantalon et file se changer dans la salle de bain. Je l'entends jurer dans sa barbe et cela m'arrache un petit rire. Il sait vraiment faire preuve de spontanéité mais il manque cruellement de talent culinaire, même pour les choses les plus simples...

J'appelle Paige et elle nettoie la mare d'eau bouillante sur la moquette. Elle asperge ensuite la chambre de désodorisant afin que l'odeur de camomille ne gène pas.

- Merci, Paige. Tu nous est d'une grande aide.

Toujours aussi discrète, elle s'éloigne après avoir fait une courbette.

Maxon, changé, revient tout souriant.

- J'ai eu une idée.

- Je t'écoute...

- Marlee est enceinte depuis 7 mois, correct?

- Oui...?

- L'année dernière, lorsque nous avons visité la bibliothèque, dans un ancien livre j'ai trouvé un passage fort intéressant sur les anciennes traditions américaines, parmi lesquelles une certaine "baby shower". Il s'agit d'une fête pour celébrer la naissance proche d'un enfant. Les amis et les proches des futurs parents s'y rendent avec des cadeaux, comme des jouets ou vêtements de bébé. Qu'en dis-tu?

- C'est une excellente idée! je m'exclame. Et tu connais Marlee, elle adore les fêtes; et lui changer les idées ne lui ferait pas de mal.

Sans se départir de son éternel sourire, il continue:

- Je savais que l'idée te plairait...j'ai déjà contacté des personnes chargées de la réception. Ce sera en petit comité, bien entendu. Il y aura les parents et les frères et soeurs de Carter et Marlee, j'ai aussi invité Belle-Maman et May. Lucy m'a demandé la permission de confectionner la robe de Marlee et la tienne; et Aspen sera chargé de l'accueil.

- Quelle organisation, mon cher! dis-je, un sourire dansant au coin des lèvres.

Il balaie mon compliment de la main.

- La fête est prévu pour après-demain. Les invités arrivent au palais ce soir, de même que nous...

- May va sauter de joie en apprenant qu'elle revient au palais!

- Effectivement. Nous en profiterons pour annonçer en direct la grossesse de Marlee avant que la fête ne commence.

Un toquement à la porte interrompt notre discussion, Candice apparaît dans l'entrebaïllement de la porte.

- Vos Majestés, excusez-moi mais l'avion part dans deux heures...Ca a été un véritable honneur pour moi de faire votre connaissance et j'espère vous revoir bientôt, dit-elle, la bouche en cul de poule.

- Merci, vous pouvez disposer, murmure Maxon.

Le temps est passé beaucoup trop vite, je ne veux pas partir de ce endroit magique... je remarque les valises rangées dans un coin de la chambre et les fixe, en espérant qu'elles disparaissent et que nous restions ici...mais c'est peine perdue. Je lâche un soupir et me lève. Maxon fait de même et le garde vient chercher nos valises. Pendant qu'il les charge dans le coffre, j'entraîne Maxon sur la plage, l'étreint et l'embrasse avec fougue, sous le soleil de France.

Une fois dans la voiture, je pense avoir trouvé la réponse à la question qui me taraudait l'esprit depuis le début de la Sélection: 

Oui, je peux être reine et épouse à la fois. Je peux gérer des responsabilités, camoufler ma haine à l'égard des médias trop intrusifs, tout en ayant une relation amoureuse. C'est possible. Et, même si je n'arriverai jamais à la cheville de la reine Amberly, ce n'aura jamais été mon but. Car je veux être une reine qui provoque du changement, une reine qui comprend mieux son peuple que quiconque, une reine qui n'est pas dans l'ombre de son mari, mais à ses côtés. Je peux être America Singer, une Cinq, chanteuse, violoniste et pianiste douée, épouse de Maxon et reine d'Illea. Car, après tout, il ne faut pas attendre d'être parfait pour commençer quelque chose de bien*. 

*Proverbe de l'Abbé Pierre

Brittany Vera








La Selection tome 3.5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant