Chapitre 8

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Cet après-midi, nous avons convoqué August et Georgia au palais afin de revoir complètement la procédure de la dissolution des castes.

Bras dessus bras dessous, nous nous dirigeons vers les jardins, où nous avons premièrement rencontré le jeune couple de Renégats. Ils nous attendent sur une table, et je suis soulagée de voir qu'aucun garde n'est présent, ni de journalistes. 

En nous voyant, Georgia sourit d'une oreille à l'autre et se lève de sa chaise.

- Vos Majestés, dit-t-elle en s'inclinant.

August, pour sa part, nous serre la main.

Maxon s'assoit et je l'imite, puis August prend la parole:

- Voulez-vous quelque chose à boire?

Je vire au rouge. Il n'a visiblement pas perdu cette manie insupportable...

Je sens que Maxon est aussi tendu que moi.

- Je n'ai pas très soif, répond-il.

- Moi non plus, je dis.

- Dans ce cas, nous pouvons commencer, dit August.

Il fouille dans une sacoche en cuir, en sort une liasse de papiers et la dépose sur la table.

- Les Huit n'existent plus à proprement parler, mais les repas qui leurs sont fournis et l'aide financière ne semble pas porter ses fruits.

Je soupire et me masse les tempes. Maxon hausse un sourcil, et rétorque:

- Que voulez-vous dire par là ?

August ricane.

- Vous espériez vraiment que fournir l'essentiel pour vivre à une personne sans éducation la pousserait à vouloir se réintégrer dans la société? Au contraire. Nous leur donnons tout: une aide financière, une aide au logement et des repas gratuits ! Ils se reposent sur leurs lauriers, en quelque sorte. Ils profitent de nous, et je ne l'accepte pas!

Il frappe son poing sur la table. Je sursaute et Maxon prend la parole:

- Je comprends votre point de vue, mais je ne le partage absolument pas. Espérer qu'une personne, autrefois sans-abri, trouve un métier qui lui convient et qui rémunère assez pour pouvoir vivre, le tout en quelques semaines, c'est espérer l'impossible. Vous voulez aller trop vite. On ne peut pas forçer les choses, il y a forcément des étapes à suivre.

August se lève de sa chaise et Georgia pose une main sur son bras, comme pour le calmer. Il la repousse et crache:

- Je ne peux pas parler pour ma femme, mais pour ma part, j'ai uniquement accepté de faire ce projet avec vous parce que j'avais de l'espoir. L'espoir que les choses changent. Le peuple veut du changement, les Renégats veulent du changement, et vous vous obstinez à suivre des étapes inutiles qui ne feront que ralentir le processus.

Maxon se lève à son tour:

- Vous semblez oublier ma position et la vôtre. J'aimerais que vous ayez un minimum de respect envers moi-même et mon épouse quand vous vous exprimez. De plus, on ne peut pas révolutionner une société datant de plusieurs générations en un claquement de doigts. Je trouve déjà que la suppression d'une caste a été plutôt rapide. 

Il marque une pause.

- Cette réunion était censée être productive, mais vous vous contredisez car en ce moment même, c'est vous qui nous ralentissez en vous plaignant sans cesse. 

August s'apprête à parler mais je le coupe:

- Croyez-moi, s'il y avait un moyen pour que les choses aillent plus vite, on l'aurait déjà trouvé. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais traiter du processus de suppression de la caste Sept et des conséq-

August dit d'une voix tremblante de rage:

- J'en ai assez de voir que mon avis compte pour du beurre. Souvenez-vous que c'est une collaboration que nous faisons. Mais j'ai plus l'impression que vous n'en faites qu'à votre tête. 

Il attrape le bras de Georgia et ils partent sans même prendre la peine de nous saluer ni de reprendre leurs documents.

Arrivés à la grille, Georgia se retourne et m'adresse un regard plein de tristesse. Puis ils disparaissent dans les rues d'Angeles.



La Selection tome 3.5Where stories live. Discover now