La Selection tome 3.5

Chapitre 9

- Je savais que ce n'était pas une bonne idée de travailler avec eux, marmonne Maxon.

- Dans tous les cas, nous n'arriverons à rien si August garde cette mentalité d'enfant: il veut tout, tout de suite.

Extenuée, je soupire:

- Et si on se prenait un jour de repos? 

Il plisse les yeux, je vois bien qu'il est ailleurs.

- Maxon ?

- Nous avons une réunion cet après-midi mais...notre matinée est libre, il me semble.

Radieuse, j'entrelace nos doigts.

Nous nous levons et nous dirigeons vers la baie vitrée. Il caresse le dos de ma main de son pouce et je me sens d'emblée plus légère.

- Bon...quel est le programme, mon Royal Epoux?

- Hmmm... je dois y réfléchir, ma puce.

Il semble en pleine réflexion lorsque nous entrons. Un garde se précipite alors vers moi et me tend deux missives. 

- De la part de vos proches, Votre Majesté.

- Merci beaucoup.

Il s'incline et repart en direction des cuisines tandis que je m'installe au fauteuil le plus proche. Maxon est debout, derrière moi, et tente de déchiffrer les écritures par dessus mon épaule.

Je déchire la première enveloppe et me plonge dans la lecture de son contenu.

                                                                                                           Envoyé le 28 mars

Ma chérie,

J'espère que tout va pour le mieux au palais et que tu arrives à te reposer malgré les journées chargées que tu as. N'oublie pas ce que ton père disait: on ne travaille jamais mieux qu'avec un cerveau reposé et une tasse de thé glacé !

Je serais bien présente pour le premier anniversaire du petit de Marlee et Carter. Je pense venir dès la semaine prochaine, d'ailleurs... et comme il a grandi ! 

J'avais également une question à te poser: comment avancent les préparatifs du mariage d'Aspen et Lucy? Cette question me vient tout droit de May, tu la connais... même si j'ai tout aussi hâte d'y être !

Je t'embrasse fort,

Ta maman.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Maxon, lui, lançe:

- C'est vrai que Kyle a bien grandi. Tu te souviens du premier jour où il a marché?

Nous éclatons de rire.

- Oui ! Marlee était hystérique et Carter était si fier ! Toi, tu mitraillait le petit sous tous les angles.

Un grand silence s'ensuit de cette phrase, et tous les souvenirs de l'année passée me reviennent. 

Maxon pointe du doigt la deuxième lettre, et je le sens tout de suite plus crispé.

Je vois le nom du destinataire et j'ai la même réaction.

                                                                                          Envoyé le 29 mars

America,

Je tenais à te dire que cette année s'est déroulée pour le mieux en ce qui me concerne. Tu transmettras mes félicitations à ton amie...comment s'appelle-t-elle, déjà? Et à son mari, bien entendu.

Je vais droit au but.

Je tenais à te dire que supprimer toutes les castes serait une erreur impardonnable de ta part. Il vaut mieux s'arrêter là. 

Je suis proche d'autres Deux et Trois et ils me content que cela ne sert à rien. Vider les caisses de l'Etat dans des aides financières pour les plus pauvres, qui ne sont même pas éduqués, ne me semble pas très judicieux.

N'oublie pas que le pouvoir t'appartient. Si j'étais toi, je m'en servirais à bon escient.

Kota.

Exaspérée, je lève les bras au ciel.

Maxon rit jaune et remarque:

- Il n'a toujours pas changé, à ce que je vois.

Je baisse les yeux.

- Il ne changera jamais vraiment. Il ne veut que garder sa caste et ses revenus exorbitants. Il s'en fiche de tous les autres.

Nous soupirons et je me lève.

Nous n'avons pas souvent l'occasion d'avoir des congés, alors mieux vaut en profiter au maximum.

J'ai ma petite idée...

- Ca te dirait qu'on regarde des films dans notre chambre?

Il hausse un sourcil.

- Pourquoi pas au cinéma, plutôt?

Mes joues rosissent. Je dois trouver une excuse, et vite.

- Euh...parce que le lit est plus confortable?

Je vois le déclic dans son regard. Il a compris...

Il me regarde avec malice et chuchote à mon oreille:

- Soit. Va pour la chambre, alors.

Sur le chemin, il effleure mon bras de sa main chaude plusieurs fois.

S'il veut jouer, alors très bien.

Nous serons deux. 

Je ralentis de façon à être derrière lui. Je trace une ligne imaginaire qui va de la racine de ses cheveux à ses épaules et je souffle dans sa nuque.

Il se retourne et me regarde, le souffle saccadé.

Comme une petite fille prise en train de faire une bêtise, je me mets à courir et le dépasse, un sourire béat sur le visage.

Il me rattrape bien plus vite que je ne le pensais.

Zut. C'est vrai qu'il est fort.

Il enlace ma taille, son torse collé à mon dos. Il fourrage sa tête dans mon cou.

- La patience n'est pas ton fort, à ce que je vois...

- Pas avec toi.

Nous arrivons enfin à notre chambre et il me dépose lentement sur le lit.

Il m'embrasse fougueusement, pendant plusieurs minutes, et nous reprenons nos esprits.

Il va près de la télévision et me propose plusieurs films.

C'est alors qu'une douleur atroce m'entaille le ventre. Je me plie en deux et Maxon accoure, me disant quelque chose.

Mais je n'entends rien.

Et tout devient noir.