Prologue

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Personnage principal : Yacine Mendy, 27 ans et demi, Sénégalaise, musulmane.

Bonne lecture

"Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants."
C'est toujours comme ça que les histoires de conte de fées finissaient. Ils se rencontraient, galéraient à cause d'une méchante reine, d'une sorcière ou bien même d'une malédiction, mais finissait par triompher et se marier. Le même schéma, à chaque fois.

C'est comme ça que dès mon enfance, j'ai su que les livres d'amour étaient mes préférés. Ma came à moi.

Mais à vrai dire, cette phrase m'avait toujours laissé insatisfaite. Quand était-il de l'après ? Qu'est-ce qui se passait une fois qu'ils étaient mariés , une fois que Cendrillon s'installa au palais ?

Très vite, dès le début de mon adolescence, j'ai compris que les histoires d'amour qui m'avaient bercée et qui me passionnaient tant n'étaient que de la très bonne fiction.

Quand bien même, je continuais de lire, d'écrire et d'imaginer la suite de ces histoires, des histoires d'amour en général.
Et puis quand très tôt, on t'a fait sentir que tu n'entrais pas vraiment pas dans les critères de beauté d'une société toute entière, que tu es trop exigeante seulement parce que tu refuses la médiocrité, autant se réconforter dans la fiction.

J'ai jamais cru que personnellement, j'allais avoir ma propre histoire, et qu'un jour « Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » serait la phrase décrivant la fin de mon histoire. Ou plutôt le début.
Non, après un long moment seul, je n'y aurais jamais cru. Du moins jusqu'à ce que je le rencontre lui.

Je jette un coup d'œil à l'horloge qui affichait 16 h 19.
Cela ne faisait que 10 minutes que nous étions arrivés dans cette pièce que je découvrais pour la première fois. J'avais déjà été des centaines de fois dans cette mosquée, mais jamais au premier étage. Dans cet espèce de bureau, très minimaliste. J'avais demandé à ce qu'on se rencontre dans un endroit neutre, impossible de faire ça chez mon frère ou chez nous.

J'avale ma salive. « Chez nous ». Je savais que dans quelques instants, je ne serais plus en mesure d'utiliser ce terme, et tous les termes en duel pour nous décrire.

Lorsque la porte s'ouvre, je me redresse nerveusement sur ma chaise. Je soupire ensuite lorsque je constate que c'était une fausse alerte, Rokhy dans la pièce avec la bouteille d'eau qu'elle était parti me récupérer.

- Merci, dis-je en essayant de cacher mon angoisse

- Ils ne devraient pas tarder, dit elle en s'asseyant à mes côtés.

- ...

Même après avoir lu des centaines et des centaines de livre, et même après avoir échoué une première fois, rien n'a pu me préparer à la réalité des choses.

Le mariage. Cette union où ta vie dépend littéralement d'une autre personne. Cette personne qui te verra dans tes plus grands moments de vulnérabilité.
Le mariage, le moyen le plus facile pour que deux personnes qui au départ s'aiment, se déchirent.

« Ils se marièrent et vécurent heureux. »

Vous savez ce qu'on dit ? La limite entre amour et haine est une limite très fine. Épreuves après épreuves en faire la distinction devient difficile.

Le sentiment de haine sera proportionnel au degré d'amour que l'on a pu porter à la personne.
Impossible d'en sortir sans séquelles.
Avec le recul, on peut voir les choses autrement, mais on continue d'aimer quoiqu'il en soit.
La haine n'est qu'une étape.

《Remember us 》- 2Where stories live. Discover now