6. Enfers

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Ce poème est inspiré, et reprend les grandes lignes, du mythe d'Orphée et d'Eurydice. 

Nous vivions heureux, heureux nous vivions,
Nous battions des ailes comme les papillons.
Mais ne sont-ils pas destinés à se perdre en vol ?
Et à tomber aux trépas sur les tournesols ?
Mais je ne pouvais pas te perdre ce jour là,
Et pas même un serpent écarlate aurait pu le faire.
Pourtant je ne t'ai pas protéger de mes bras,
Et j'ai condamné, à mon bras, tout mon univers.

Alors j'ai bravé l'impossible.
Non pas détourné un jeu de se règles,
Non pas traversé les mers imprévisibles,
Et non pas empêcher que le climat ne se dérègle.
La vie m'a corrompu, et je n'aurais peut-être pas dû,
Mais j'ai plongé dans les entrailles des enfers,
Pour te faire revenir car tu m'étais dû,
Et que tu étais tout mon univers.

J'ai arpenté le terrain, j'ai terrassé des créatures,
J'ai plongé dans le fleuve du Styx.
Pourtant tout était trop facile, ce n'était pas dur,
Jusqu'à ce que, trempé jusqu'aux os, ses yeux me fixent.
Jouant de mes charmes musicaux,
Usant d'un sort aux notes mystiquement sublimes,
Mes doigts courant sur les cordes de la lyre de roseaux,
La bête s'est endormie, envoûtée par mes rimes.

À bout de souffle, mon sang bouillonnant dans mes veines,
Je repris ma route infernale aux côtés des narcisses.
Mes pas étaient alimentés par ma peine,
Et j'avais une nouvelle fois peur que tout ne finisse.
Le palais se dissimulait dans la pénombre,
Se détaillant dans les profondeurs abyssales.
Il pointait vers les cieux noirs et sombres,
Et ses tours inversées descendaient en spirales.

Des aiguilles semblaient transpercer mes pieds,
Un venin semblait se répandre et me rendre ivre.
L'atmosphère était lourd et chargé,
Mais il fallait que je le délivre.
Je pénétrai dans l'antre du diable divin,
Et je traînais des pieds jusqu'aux trônes,
Là m'attendaient Hadès, son air mesquin,
Et la printanière déesse Perséphone.

Je leur suppliais de me rendre son âme,
Je leur suppliais de le laisser revenir.
Je leur suppliais de rallumer ma flamme,
Ou, tant bien que mal de me laisser mourir.
La déesse fut touchée, presque émue,
Le roi resta un moment incongru.
Mais sa femme lui avoua la tristesse que j'éprouvais,
Et il finit par céder.

Mon cœur rata un battement, pour battre la chamade,
Je crus un instant que tout n'était que parade.
Mais l'instant d'après il imposa sa condition sévère :
« Ne te retourne pas avant d'être sorti des enfers ».
J'acceptais, trop épris d'espoir pour m'y intéressé,
Et je commençai à rebrousser chemin.
Escorté par une nymphe infernale et damnée,
J'étais stressé, impatient et sur de rien.

La route paraissait encore plus longue qu'à l'allée.
Des météorites écarlates jaillissaient du ciel,
Des cendres fumaient sur les bordures enchantées,
Et se fanaient dans les narcisses fanées en étincelles.
Nous passâmes le Styx, le silence résonnait,
Presque insoutenable alors qu'on se rapprochait,
De la sortie du mondes des enfers.
Mais je me suis retourné, je n'aurais pas dû.
Je vis son sourire, et aussitôt il disparut.
En une volée de fumée incandescente,
Car vaine fut ma descente,
Et je vis s'effondrer tout mon univers.

Leperlier Florian, Mystic, Enfers

Poetic ( Recueil de poèmes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant