8. La Grande Guerre

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C'est une histoire de misères,
Qui s'envole dans les tympans,
Et se grave dans les mémoires.
C'est l'histoire d'une ère,
Lointaine mais maintenant,
Elle me hante chaque soir.

L'atmosphère était lourd, et l'air emprunt de nervosité,
Tu parlais à ta mère de tes inquiétudes.
Tu pensais que le ciel reposait sur ton père et son armée,
Mais savais-tu que j'irai aussi au sud ?
Comme une étoile crépitante sur la paroi nocturne,
L'amour finit toujours par briller d'une faible lumière.
Cette étoile explose, dépose son enveloppe dans l'urne,
Pour espérer scintiller dans une prochaine prière.
Notre amour déposait son enveloppe aussi,
Dans l'espoir de perdurer dans l'infni.
Mais les chances étaient infimes,
Parce que la guerre décimait les rimes. 

L'environnement était pur et l'air était absorbant,
On se tenait la main sous le ciel presque éteint.
Tu parlais de ton père et de la guerre des derniers camps,
Sans douter une seule seconde de mon destin.
Tu étais noble, j'étais d'une faible modestie,
Les armées m'obligeaient à venir combattre.
Je ne souhaitais guère te prendre la tête avec mon ressenti,
Alors que la guerre planait dans ta demeure près de l'âtre.
J'ai admiré ton beau visage, caressé ta douce peau,
On s'est embrassés, ma main dans ton cou encore chaud.
Sous les dernières étoiles nous nous sommes liés,
D'un ébat passionné, délicat et enchanté.

Le soleil se lève à l'horizon,
Et je me sens en tension.
Mes parents m'appellent,
Et je comprends que c'est l'appel.
Je ne veux pas savoir ce que ça fait de tuer,
Même pour tout l'or de la terre.
Mais je me dois de savoir ce que c'est,
Pour te protéger de la Grande Guerre.

Une calèche se hâtait à me prendre de bon matin,
Certainement pour nous détailler les stratagèmes.
J'appréhendais le front, le champ de bataille et le terrain,
Plus encore quand le véhicule tressaillit sous les blasphèmes.
Nous arrivâmes à l'arrière du palais en pierres,
Et nous avançâmes tous comme des pions.
Je me sentais ridicule et aveuglé par la lumière solaire,
Et puis ton père est venu dans ma direction.
Il m'a dit que tu étais au courant,
Que tu savais à présent pour mon envoi.
Tu es devenu fou et malade immédiatement,
Lorsque tu as entendu sa voix.

Quand il me l'a dit, une larme a coulé.
Il t'empêchait de venir me voir.
Mais je le comprenais, son précieux fils devait être protégé,
Puisque tu valais tous les diamants du pouvoir
Nous nous sommes rangés par lignes,
Pour avancer en symphonie sanglante.
Je me suis senti indigne,
Mais j'ai continué ma descente.
Les jours et les nuits défilaient,
On dormait tous dans des camps lugubres.
Les semaines s'égrènaient,
Et alimenter mon angoisse insalubre.

Le soleil se perds derrière les collines,
Et le souvenir de toi me câline.
Les généraux nous préviennent,
Juste avant que la première attaque ne vienne.
Je ne veux pas savoir ce que ça fait de mourir,
Même pour tout l'or de la terre,
Mais je me dois de périr,
Pour contribuer à la paix après la Grande Guerre.

Un bruit assourdissant résonne,
Une pression m'enveloppe entièrement.
Des explosions fumantes détonnent,
Et noie les tranchées dans un bain de sang.

Je sens encore mon cœur battre,
Alors je brandis ma lame acérée.
Je n'ai plus d'espoir en réalité,
Mais je dois continuer à me battre.

À travers les mines qui explosent, j'avance.
En un coup de rime déclose, mon épée balance.
Mon arme atteint l'ecchymose, d'un guerrier,
Qui meurt sous ma rose pointue et sacrée.

Je ne sais pas comment j'y parviens,
Mais j'en élimine plusieurs, tous de pauvres hommes.
Je pleure à chaudes larmes puis ton image me viens,
Et je reprends cet horreur qui m'assomes.

Les bruits continuent à me brûler les oreilles,
Mais c'est là qu'une voix me parviens.
Je me retourne et je sais que rien ne sera plus pareil,
Car c'est toi que je vois au loin.
Tu coures dans ma direction,
Sans te soucier du danger.
J'esquisse un sourire plein d'émotions,
En admirant tes cheveux de jais.
Tes yeux noirs scintillent à travers la fumée,
Ton aura fait disparaître celle des âmes meurtries,
Tu sautes dans mes bras, je manque de tomber,
Mais je me raccroche à la vie.
Je t'embrasses sauvagement dans ce tumulte,
Et je me souviens de la menace.
Et malheureusement ce qui en résulte,
C'est une balle que l'on me place,
Dans l'épaule.
Je tombe sur toi pour te protéger.
La douleur est folle,
Mais le plus important est que tu sois hors de danger.
Je reste là à te servir de bouclier,
En priant pour que je ne sois plus toucher.
Une balle m'atteint sur le côté,
Et je me sens tout abandonner.

Le soleil me brûle les yeux,
La lumière est coruscante.
Je me demande si j'ai atteint les cieux,
Mais je te vois soigner ma plaie sanglante.
Je ne veux pas savoir ce que ça fait d'être survivant,
Car je n'ai pas été exemplaire.
Mais quand je comprends que nous sommes seuls à présent,
Je sais que nous avons survécu à la Grande Guerre

Poetic ( Recueil de poèmes)Where stories live. Discover now