𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞

✯ CHAPITRE VIII ✯

« La vie est un rêve, c'est le réveil qui nous tue »

Parce que je ne peux qu'approuver les paroles de Virginia Woolf.

Parce que rien ne fait plus mal que vivre avec elle toute la nuit et se rappeler brutalement au réveil qu'elle n'est plus.

Parce que c'est horrible à dire mais j'aimerais m'endormir et ne plus me réveiller.

Parce que tout ce que je souhaite aujourd'hui, c'est rejoindre ma meilleure amie.

Parce que je n'arrive pas à me dire qu'il me reste des choses à vivre.

Parce qu'à quoi bon les vivre sans la personne qui aurait dû le faire à mes côtés.

Parce que tout aurait été plus simple si, moi aussi, je m'étais envolée.

✯ ✯ ☾︎ ✯ ✯

24 janvier 2020 :

— Vous ne trouvez pas qu'Ava est bizarre en ce moment ? nous demande Simon alors que cette dernière nous quitte prétextant avoir trop de devoirs à faire pour demain.

— C'est vrai qu'elle est tout le temps sur les nerfs depuis quelque temps, réplique Jade, et puis elle a l'air complètement à côté de la plaque.

— J'ai rien remarqué de bizarre perso, rétorque Luc.

— Tu remarques jamais rien, toi, surtout en période de contrôle, se moque Jade

— C'est vrai que ça fait une semaine qu'on a pas vu ton visage tant tu es plongée dans tes révisions. Bientôt, on se souviendra de toi plus qu'avec un livre à la place de la tête, ajoute Simon, toujours à l'affût de la moindre pique. Elaïa, t'en penses quoi toi ?

— Ils ont raison Luc, tu es devenu un vrai fantôme, je réponds automatiquement à l'entente de mon prénom.

— Merci pour la confirmation mais ce n'est pas de ça dont je parlais. Tu trouves pas qu'Ava se comporte bizarrement ?

— Ah ça, je reprends en cachant le fait qu'il est mis le doigt sur ce qui m'inquiète depuis un moment. J'ai remarqué qu'elle agissait bizarrement, oui.

— Et tu ne sais rien d'autre ? me questionne Luc, l'air inquisiteur. Ava ne t'a rien dit ?

— En fait si, elle n'a pas arrêté de négocier pour que je l'accompagne à une soirée, elle dit que c'est le meilleur moyen pour elle de se rapprocher d'un mec, Léo. Ça vous dit quelque chose ?

— Rien du tout, disent-ils à l'unisson, puis Jade poursuit : Et vous allez y aller ?

— Oui, assuré-je avant de commencer à me justifier. Elle a l'air tellement déterminée que je sais qu'elle finira par y aller même si je ne l'accompagne pas. Je veux être sûre qu'il ne lui arrivera rien.

✵✵✵

On arrive devant une grande maison dont s'échappe de la musique assourdissante. Ava trépigne d'impatience et moi, c'est le moment de partir que j'attends avec une impatience que je n'essaye même pas de cacher. On a passé tout le trajet à s'embrouiller et j'ai seulement réussi à lui faire jurer de ne rien boire d'autre que du coca. Je m'apprête à lui faire promettre une dernière fois avant d'entrer mais elle a déjà filé. Je passe la porte à mon tour et suis oppressée par tous les gens qui circulent et s'entassent dans l'étroit couloir de l'entrée. Je passe quelques instants - qui me semblent durer une éternité - à rejoindre l'immense salon qui est lui aussi déjà bien envahi. Autour du buffet, j'aperçois les longs cheveux brillants d'Ava, elle semble complètement perdue, alors avant qu'elle ne disparaisse une nouvelle fois, je traverse la pièce à grandes enjambées pour la rejoindre.