✯ CHAPITRE XIV ✯

9 2 0
                                    

« La joie de vivre est une chose innée qui a tendance à s'oublier avec le temps »

Parce que depuis que je suis là, je n'ai cessé de lire cette phrase d'Alex Bocat.

Parce qu'à chaque fois que j'ai posé les yeux sur ces quelques mots, mon cœur s'est emballé, ma respiration s'est coupée, ma colère a redoublé et mes larmes ont coulé.

Parce que la seule chose qui me venait en tête était « À quoi bon se réjouir quand on sait que tout ça ne tient qu'à un fil ? ».

Parce que c'est là que j'avais tort.

Parce qu'il faut justement vivre à fond jusqu'au bout.

Parce que partir avec des regrets n'est pas une option envisageable.

Parce que personne ne devrait vivre en attendant la mort.

Parce qu'on ne peut pas tenter de survivre à sa propre vie,

Parce qu'il faut la vivre.

Intensément.

Mais surtout pleinement

✯ ✯ ☼ ✯ ✯

C'est l'effervescence dans le centre. Toujours enfermée dans ma chambre, en train de me demander si cette soirée est une bonne idée, j'entends des éclats de rire venant de tous côtés. Différentes voix se mélangent en un pêle-mêle agréable et les rires reprennent de plus belle. Des pas précipités se font entendre dans le couloir devant ma chambre, des portes s'ouvrent puis se ferment et s'entrouvrent à nouveau avant de claquer. Cet endroit paraît vivant. La tristesse a laissé place à la joie le temps de quelques instants. On oublie les maladies, la souffrance n'a plus d'importance, les ennuis plus aucun crédit : seul le bonheur emplit les cœurs.

Presque inconsciemment, j'ouvre à mon tour la porte de ma chambre et me mèle à ce joyeux brouhaha. J'emboite le pas aux quelques personnes qui se précipitent vers le rez de chaussé et découvre Sandra en bas des escaliers :

— J'allais monter pour voir si tout allait bien pour toi, dit-elle alors qu'on se dirige vers la grande salle. C'est bien que tu sois là Elaïa. Je te jure ! ajoute-t-elle sur la défensive, remarquant sûrement mon air peu convaincu. C'est en recommençant à vivre avec les autres que ça finira par te sembler naturel. Et c'est le bon moment pour s'y mettre, parce que Maël a l'air de penser que ta sortie est pour bientôt. Il est même convaincu que tu ne passeras pas un deuxième anniversaire ici. Il croit en toi, je crois en toi. On croit tous en toi. Tous les gens qui t'aiment savent pertinemment que tu as toute la force nécessaire pour y arriver.

— Donc Maël me donne moins de six mois pour guérir ? demandé-je estomaquée. Je me suis promis de tout faire pour m'en sortir mais je ne parierai pas non plus sur un miracle. Sérieux, t'y crois toi ?

— Bien sûr que j'y crois ! Et tu y croiras aussi, bien plus tôt que tu ne le penses.

— Sandra ! Je te cherche depuis au moins deux minutes, nous interrompt une fusée sortie de nulle part. Loane est rentrée chez elle donc il manque un membre de la dream team, j'ai beau dire aux autres qu'il est hors de question qu'on participe alors qu'on est en infériorité numérique, ils n'arrêtent pas de répondre que l'intérêt est justement de participer. Non mais tu te rends compte, ils ont juste envie de participer, pas de gagner, s'insurge-t-elle, débitant ces mots à toute vitesse sans prendre le temps de s'arrêter, ne serait-ce que pour reprendre son souffle. « Tu sais Maé, le but c'est de s'amuser, pas d'écraser ses adversaires ». Non mais je rêve c'est quoi l'intérêt de jouer alors ? Sandra je t'en supplie sauve moi, joue avec nous. Ma victoire repose sur toi, je t'en supplie

Joignant le geste à la parole, elle se laisse glisser de tout son long sur le sol et s'agenouille avant de terminer en implorant presque Sandra d'un geste théâtral. J'éclate de rire alors que le spectacle continue à mes pieds. La fameuse Maé se met alors à lister un tas d'arguments pour acheter la participation de Sandra. Je regarde cette dernière les yeux brillants à cause de mon fou rire qui menace de repartir alors que la liste s'allonge et que les arguments deviennent de plus en plus farfelus. Sandra finit tout de même par l'arrêter en lui disant qu'elle a la personne parfaite pour, je cite, «venir sublimer la Dream Team». Et tandis qu'on cherche toutes les deux à savoir qui est ce membre mystérieux, Sandra entreprend des présentations :

— Elaïa, je te présente Maé, la sauvage qu'on verra bientôt sur les plus grands posters en provenance de Broadway, commence-t-elle.

— Un jour je t'emmènerai voir mon étoile sur le Walk of Fame, la coupe la future star.

— Maé, reprend Sandra, voilà Elaïa, le dernier membre de la Dream Team.

— Hein ! répondons-nous en chœur.

— Mais oui, pourquoi est-ce que je n'y ai pas pensé plus tôt ? poursuit Maé. C'est clair que tu es une artiste, t'es chanteuse ? Ou non attends, musicienne ? Pianiste ? Violoniste ? Plutôt une danseuse ? tente-t-elle. Toujours pas !? Je vois pas là.

— J'écris beaucoup de poèmes et quelques autres trucs et je dessine aussi, je lui avoue après qu'elle a officiellement donné sa langue au chat.

— Mais oui évidemment, laisse moi deviner, tu peins aussi ? J'en étais sûre ! s'exclame-t-elle après que j'ai hoché la tête. T'as des doigts de peintre, c'est pour ça, j'ai cru que tu jouais du piano. Je suis persuadée que tu es super forte au blind test, elle ajoute comme si tout son raisonnement était profondément logique. Merci Sandra, on te dédiera notre victoire, hurle-t-elle en m'entrainant vers la salle commune.

✵✵✵

Les musiques s'enchaînent et je dois avouer que ma nouvelle amie est impressionnante. Quand Sandra parlait de Broadway, elle faisait sûrement référence à de la comédie musicale parce qu'il est clair que Maé s'y connait dans ce domaine. Alors qu'elle nous a permis de rafler tous les points sur les bandes originales, mon addiction pour les Disney a encore bien creusé l'écart. Merci Ava, tu m'as visiblement bien éduquée, objectif atteint. 

𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞Onde histórias criam vida. Descubra agora